Critique de Nuit blanche par doctornabs
J'ai vraiment bien aimé. Coup de foudre en noir et blanc, esthétiquement très réussi, jolie musique.
Par
le 9 janv. 2023
Avec un tel nom de famille, Arev Manoukian nous fait de suite penser à la Seconde guerre mondiale, à l’Affiche rouge, à Ferré, et je viens seulement d’y penser, aussi à André, mais ça, c’est une autre histoire. En recherchant des infos sur la biographie du réalisateur, je suis tombé sur une critique intéressante (qui vous donne aussi un lien pour voir le film), je vous la livre, ça m’évitera de répéter certains choses, la fainéantise n’étant pas le moindre de mes défauts :
http://www.formatcourt.com/2010/12/nuit-blanche-d%E2%80%99arev-manoukian/
On se trouve apparemment à Paris, comme feu Missak, mais peut-être un peu plus tard, manifestement, le rouge n’est plus de vigueur, mais un noir et blanc magnifique. Le temps d’une rencontre, ou plutôt d’un coup de foudre.
Missak Manouchian disait à sa femme, Mélinée, qu’elle allait devoir aimer un autre homme, parce qu’il allait mourir, fusillé pour avoir combattu pour la liberté (au passage, je vous en prie si vous ne connaissez pas Manouchian, écoutez l’Affiche rouge de Ferré, ou allez jeter un œil au texte d’Aragon, ou à ma critique de la chanson de Ferré, ou aux lettres de Manouchian à sa femme, c’est tout bonnement magnifique, j’en ai des frissons rien qu’à en taper les mots sur mon clavier).
La femme du film d’Arev Manoukian aurait toute sa place dans une publicité pour un parfum, belle, chic, prête à tomber amoureuse de l’homme qui vient, et qui semble lui aussi fasciné par elle. Les fragrances d’un parfum ou les ailes du désir leur permettront-elles d’échapper à la foudre qui pourrait empêcher leur rencontre ? Pour un flirt avec toi, je ferai n’importe quoi, et je n’ai pu m’empêcher aussi de penser à une vieille pub pour le café, peut-être carte noire, je ne sais plus, le réalisateur nous faisant au final tournoyer comme le café remué par une cuillère.
L’important, c’est qu’on a là l’anatomie d’un coup de foudre, car le film de quatre minutes décrit à peine dix secondes de la vie de ces deux personnes : ô temps suspends ton vol, le film est tourné en slow motion, et on peut dire qu’il est particulièrement réussi sur le plan esthétique (presque trop) !
En tout cas, je l’aime bien ce court, pour tout ce qu’il me rappelle, car il exhale de lui un parfum de nostalgie.
Enfin, pour terminer, je ne peux pas m’empêcher de le rappeler dans le contexte actuel, c’est grâce à des hommes comme Missak Manouchian, des Français mais aussi des étrangers, que la France est libre aujourd’hui, que nous vivons librement. Certes, les temps sont difficiles, mais nous sommes encore libres de tomber amoureux, libres de choisir de regarder de jolis films comme celui d’Arev Manoukian. Mélinée n’a peut-être pas pu accomplir le vœu de Missak, mais nous sommes vivants grâce à des gens comme lui. L’amour n’est pas mort, même si la mort est la sœur de l’amour.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Courts pas courus (mais parcourus!), Tous courts ! et Critiquapo 2 : je suis vraiment trop con de m'astreindre à ce genre de contrainte mais ça me permet quand même de belles découvertes comme The last Farm que je te conseille au passage !
Créée
le 13 mars 2016
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