Cinéaste confidentiel, auteur d’une poignée de courts métrages expérimentaux ( avec en point d’orgue le sublime et bouleversant Mort à Vignole ) Olivier Smolders accouche là d’une création fascinante : Nuit Noire, rêve inquiétant peuplé d’images saisissantes…
Peu verbeux, ce long métrage ambitieux nous plonge dans la vie quotidienne d’un entomologiste dont l’intériorité nous est étrangère. Se livrant telle une succession de tableaux proches de la fantasmagorie Nuit Noire convoque à nos esprits les visions hallucinantes et les torpeurs africaines de Voyage au bout de la Nuit de Céline et les univers kafkaïens : fulgurances magnifiques de créatures inspirant autant l’attraction que la répulsion, fantômes du colonialisme nimbés d’une lumière douceâtre… Plasticien hors-paire Smolders étudie la matière filmique avec un soin essentiel, esthétisant au maximum son film pour mieux lui attribuer une délicieuse épaisseur formelle.
Nuit Noire semble donc suivre la logique d’un rêve, articulé autour d’une narration alternant entre les réminiscences du protagoniste, ses projections mentales et ses activités méticuleuses… L’unité technique tient là du tour de force, sans doute due à la rigueur et à la précision d’Olivier Smolders, composant ses plans sans laisser de place au hasard. Un film puissant, assez effrayant, dans la parfaite continuité des précédents films du réalisateur ( intimiste et grave, cette Nuit Noire tient du film de chambre hanté par les souvenirs de Smolders ).