Un temps destiné à Tobe Hooper sur un script au départ bien plus sombre et violent, le projet Motel Hell trouvera finalement son metteur en scène avec un script largement remanié vers la comédie en la personne de Kevin Connor transfuge de la Amicus (Frissons d'Outre Tombe) et chouette réalisateur de films d'aventures fantastique comme Centre Terre : 7ᵉ Continent ou Les 7 cités d'Atlantis. Le film sortira donc aux USA avec une tagline annonçant la couleur You might just die ... laughing !
Nuit de Cauchemar (Motel Hell) nous raconte l'histoire de deux tenanciers d'un petit motel paumé et qui sont également fermiers et producteurs de la meilleure viande du coin. Vincent Smith et sa petite sœur Ida utilisent surtout les voyageurs égarés pour les cultiver et les mélanger ensuite à leur viande de porc.
Le mélange de comédie noire et de rednecks cannibales fera donc qu'un temps Tobe Hooper sera associé au projet avant de se retirer et que le réalisateur britannique reprenne le film en édulcorant largement ses aspects horrifiques pour mettre surtout en avant l'humour morbide du concept. Inutile de dire que si vous cherchez un pur film d'horreur glauque et violent vous serez extrêmement déçu puisque le premier effet gore arrive environ deux minutes avant le générique de fin. Nuits de Cauchemar s'inscrit donc bien plus dans un registre de comédie morbide avec un humour pince sans rire finalement très british. Kevin Connor ne démérité pas et nous offre un film assez soignée dans ses ambiances nocturnes et champêtre et plutôt bien équilibré entre tout de même quelques moments de tensions et d'autres bien plus légers voir complément loufoques. Vincent et Ida, les personnages principaux, font preuve d'une bien inquiétante jovialité et loin d'être des monstres, ils obéissent juste à une certaine logique de producteurs qui cultivent, soignent et nourrissent leur bétail avant d'en faire un produit de consommation largement plébiscité du public. Nos deux fermiers agissent même pour le bien de la nature et de l'humanité en pensant résoudre l'équation trop d'humains / plus assez de nourriture. C'est Roy Calhoum célèbre pour ses nombreux western qui incarne l'inquiétant et longiligne Vincent tandis que Nancy Parsons( Porky's) interprète Ilda une curieuse femme enfant rondouillarde. Le film comporte quelques chouettes idées malheureusement pas toujours exploitées a leur plein potentielle comme ses corps maintenus vivants et enterré debout avec juste la tête qui dépasse pour pouvoir les nourrir. Le film vrille aussi parfois totalement à l'image de ce couple pensant trouver dans ce motel et ces hôtes des complices à leurs jeux sexuels, le monsieur arborant avec la même aisance une frétillante moustache qu'une mini jupe transparente et des bas résilles se réjouira ainsi de les voir débarquer avec des cordes pour les attacher (Chouette du bondage !)
La limite de Nuits de Cauchemar reste que son concept très Creepshow ou Contes de la Crypte se perd un peu sur les 100 longues minutes du film alors que le récit aurait sans doute mérité bien plus de concision et de rythme. Et si il y-a bien une autre chose que le film aurait du proposer c'est un peu plus d'audace et de noirceur dans sa représentation graphique de la violence car même sur un registre de simple comédie horrifique on est en droit d'espérer bien plus que ce que nous propose le film. Même si l'ensemble est loin d'être désagréable et que la retenue et la mesure participent un peu de son charme britannique, on pouvait aussi espérer mieux qu'un tea time à l'heure de la grande boucherie. Trop sage peut être pour une telle entreprise Kevin Connor terminera sa carrière en tournant aux kilomètres des téléfilms familiaux.
Nuits de Cauchemar reste une sympathique série B plaisante et agréable mais difficile de ne pas être déçu car en recentrant ses enjeux sur une durée plus réduite et en étant bien plus audacieux et rentre dans le lard au niveau horrifique on tenait assurément un classique du genre.