Nymphomaniac Volume I et Volume II sont tous deux d’excellents volumes formant un excellent film. Critique longue et spéciale pour un film qui l’est tout autant que je voulais scinder en deux parties tout comme nous est présenté cette œuvre sous forme d’un diptyque mais que je n’ai pu faire vu que je ne veux pas vous décortiquer l’histoire. Tout d’abord il est à noter que certains chanceux ont pu découvrir cette version intégrale Director’s Cut d’une durée de 5h25 au cinéma lors de la 71ème Mostra De Venise en 2014 où le film fut projeté hors compétition. Beaucoup le savent cette version tant attendue n’a pas pu être projeté à sa sortie a subi les foudres de la censure amputée d’une durée d’1h30. Donc cette version rend à césar ce qui est à césar, ici le cinéaste Danois.
Il faut bien comprendre une chose, le réalisateur est un provocateur quand il désigne son œuvre comme son film pornographique, il ne faut pas s’attendre à un vulgaire film porno car ce n’est pas ce que vous aurez. On voit des scènes de sexes oui mais ça ne dure pas éternellement et l’on ne voit pas que ça non plus constamment à l’écran et tout du moins heureusement qu’il y en a car ça dessert bien l’histoire. Si vous cherchez un film pour vous exciter ce n’est pas vers celui-là qu’il faut se diriger, car il n’y a rien de masturbatoire là-dedans où alors des questions peuvent se poser. Vous savez très bien vous-même où il faut aller pour en voir pas besoin d’en dire plus.
J’ai été étonnamment surpris que le film me plaise autant, car j’attendais de le voir d’une part mais j’avais des aprioris tout de même. Si je l’ai aimé c’est parce qu’il s’agit d’une œuvre jusqu’au-boutiste qui va là où ça fait mal quitte à choquer. Le long métrage ne nous laissera pas indemne tout autant que si l’on y adhère ou non. Rien que ça, le fait qu’on aille au bout des choses dans le cinéma y a rien de mieux et on en redemande, y en a pas beaucoup des cinéastes comme ça et Lars Von Trier fait partie de ceux-là.
Cette version non censurée est donc l’œuvre totale d’un auteur en pleine possession de son art pour raconter le parcours érotique d’une femme dominée par ses pulsions, de sa naissance à ses cinquante ans.
Une magnifique œuvre fleuve sur la nymphomanie où le réalisateur construit le récit initiatique d’une héroïne bouleversante et sans limites, et nous propose ce faisant une réflexion puissante sur le désir et la recherche du plaisir à tout prix. C’est pareil, qui aurait cru qu’on aurait réussi un film sur ce sujet peu commun dont on ne parle pas. D’autres thèmes y sont joliment exploités tel que l’amour, la mort, la séparation, la nature ou encore la vie et ses choses simples rendant le film encore plus attrayant.
J’ai une préférence pour ce Volume I mais les deux sont forts tout autant car il ne s’agit que d’un seul et même film scindé en deux volumes lui-même décomposé en 8 chapitres, 5 pour le premier volume et 3 pour le second volume.
L’œuvre est riche, maîtrisée et captivante de bout en bout car dès l’ouverture on veut connaître la fin. De ce fait, c’est un film monté à l’envers et extrêmement bien conçu sur un système de flash-backs. La narration est géniale et l’on est souvent amener à suivre de belles métaphores et des comparaisons très instructives qui personnellement me poussent à revoir le film tant c’est assez prolifique.
La bande son qui rythme le film est une pépite, car c’est très éclectique et ça me correspond parfaitement. Ça s’ouvre sur du métal tout en finissant sur de la musique classique, du génie pur. On entend donc du Rammstein, du Bach, du Dmitri Chostakovitch, du Camille Saint-Saëns, du Steppenwolf, du Wagner, du Beethoven, du Handel, du Mozart, du Talking Heads, du Kristian Ednes Andersen ou encore une superbe reprise de Jimi Hendrix du titre Hey Joe par Charlotte Gainsbourg.
Je tiens quand même à préciser que j’ai vu les deux volumes en version longue bien sûr (I : 2h27 et II : 2h58) à une soirée d’intervalle mais que tout bien réfléchi, en tout cas pour moi le film peut se voir d’une traite avec une petite pause bien méritée entre les deux.
Le réalisateur Lars Von Trier signe donc ici son 13ème long métrage en comptant l’œuvre complète, je ne vais pas m’amuser à compter le Volume I et le Volume II. C’est une réussite sur tous les plans y compris visuellement. Il ajoute beaucoup de procédés différents notamment le noir et blanc, des cadrages différents, des incrustations, rendant quelque chose de totalement inédit à l’écran pour cette œuvre déjà si originale. Sa réalisation atteint l’apogée pour moi sur ce métrage.
Il a choisi un casting démentiel où tous ou presque y sont dans des rôles à contre-emploi jouant à la perfection. Charlotte Gainsbourg, Stacy Martin, Stellan Skarsgård, Shia LaBeouf, Christian Slater, Uma Thurman, Connie Nielsen, Jamie Bell, Willem Dafoe, Mia Goth ou encore Jean-Marc Barr. Tous sans exceptions y sont excellents avec un point bonus peut-être pour Jamie Bell surprenant. La séquence avec Jean-Marc Barr m’a beaucoup surpris et a eu du mal à passer tout comme une séquence avec Charlotte Gainsbourg assez crue, insoutenable et choquante, toutes deux marquantes et inclues dans le Volume II mais dont on se remettra. En citant ce casting et en vous ayant dit tout ça, c’est aussi pour inciter à certaines personnes à s’intéresser un peu plus à ce costaud long métrage.
Une riche œuvre fleuve maîtrisant son sujet qui m’a marqué et se terminant sur un twist final rendant le film encore plus surprenant qu’il ne l’était déjà. Nymphomaniac restera donc dans les annales.
Volume I : 9/10 ! Volume II : 9/10 !
Ma note : 9/10 !