Après avoir réalisé La pointe courte, superbe premier long métrage, Agnès Varda s’attaque à son premier court : Une commande de l’office national du tourisme dans lequel la réalisatrice présente l’histoire des châteaux de la Loire dans l’ordre chronologique de leur construction. Ce sera pourtant moins académique et touristique que déjà très ludique et poétique. Le titre nous y prépare d’emblée en empruntant celui d’un poème d’Arthur Rimbaud. Mais ce n’est pas que ça. Varda y insère aussi des éléments inattendus, des commentaires de jardiniers sur les arbres notamment, et des apparitions de mannequins, aussi accompagné d’extraits de poèmes célèbres, le tout alors qu’on visite Langeais, Loches, Amboise, Chambord, Chenonceau. Or il s’agit moins de retracer la vie et désirs des châtelains, que de former de brefs portraits de jardiniers, tailleurs de pierre, peintres ou familles de gardiens. Ce n’est plus un docu pédagogique mais une fantaisie toute personnelle, une sorte de lettre oubliée dans les feuilles mortes : le film s’ouvre sur ces feuilles mortes, comme s’il préparait déjà au Bonheur (1962) ou à Les glaneurs et la glaneuse (2000).