Alien 5 est mort, vive Oats Studios ! Avec sa nouvelle société de production, Neill Blomkamp se lance dans une série des courts métrages "expérimentaux" de science-fiction avec plein de monstres dedans… Bref, tout ce qu’on aime. Diffusé gratuitement sur YouTube et Steam, le premier film de l’anthologie "volume 1" vient de sortir et se nomme Rakka. Il dure 22 minutes.
Dans Rakka, les gentils crevettoïdes de District 9 ont été remplacés par des lézardoïdes impérialistes adeptes de la vivisection. Ils peuvent aussi contrôler les humains par la pensée. L'angoisse. Non content de décimer ou de réduire en esclavage la population humaine, ces raclures de l'espace construisent des bâtiments gigantesques (et moches... rendez-nous la tour Eiffel !) destinées à pourrir l'atmosphère terrestre pour l’adapter à leur convenance. Heureusement, la résistance s’organise, featuring Sigourney Weaver...
À contre-courant des récents films avec des aliens bienveillants et mystérieux style Premier Contact ou Midnight Special, Neill Blomkamp met en scène des créatures totalement démoniaques qu’on n’a pas l’habitude de voir au cinéma. Et croyez-moi, cela va bien au-delà du fétichisme chelou du Predator et de la sauvagerie guerrière des bestioles de Starship Troopers ou d’Edge of Tomorrow. En fait, Rakka nous renvoie en pleine face notre propre potentiel de cruauté en tant qu’espèce. Le fait que le titre sonne comme le nom de la capitale syrienne de l’État islamique n’est sans doute pas un hasard...
Esclavagisme, torture, expériences scientifiques dégueulasses… Les ET de Blomkamp sont de vraies saloperies. Ils font froid dans le dos. Leur apparence reptilienne, quelque part entre le Krogan de Mass Effect et l’Argonien de Morrowind, pourrait friser le ridicule mais il n’en est rien. Les superbes CGI, organiques et parfaitement intégrés, y sont pour beaucoup. Il faut dire que c’est un peu la spécialité de Blomkamp qui, dès 2009, avait totalement bluffé son monde avec la qualité visuelle de District 9, budgété à "seulement" 30 millions de dollars.
Très noir et très gore, Rakka tape dans la science-fiction premier degré, avec voix off sentencieuse et sans la moindre trace d’humour. Et pour peu que l’on adhère à ce genre d’univers déprimant, l’expérience vaut le détour. “Expérimental”, n’exagérons rien, mais sa narration fragmentée, sa mise en scène coup-de-poing et sa chouette fin ouverte font de ce court métrage une franche réussite. Vivement la suite !