Obviously, not your average rom-com.
Obvious Child s'attarde sur la vie de Donna Stern, comédienne de Stand Up, qui, pour faire rire, n'hésite pas à raconter sa vie sur scène et notamment ses histoires de vagins et de flatulences. Personnage le plus chanceux de l'histoire, elle est quittée par son petit ami, qui ne supporte plus, ni de voir sa vie intime ainsi narrée à des inconnus, ni le « manque de féminité » de sa compagne. Trahie et désespérée, Donna noie ses malheurs dans l'alcool, passe la nuit avec un inconnu et tombe enceinte... Loin d'être un mauvais film, Obvious Child, est une petite surprise, car il traite en douceur et sans complexes d'un sujet assez épineux, souvent oublié dans les médias mainstreams : l'avortement. Cependant, il appartient à ce que j'appelle « les romances indés un peu bobo » où il y a souvent du bon... mais aussi du mauvais.
Commençons donc par les aspects négatifs. Pour moi, beaucoup sont causés par le personnage principal. Ne vous méprenez, j'aime beaucoup Donna: elle est indépendante, rigolote, ne se laisse pas marcher sur les pieds et fait face à des problématiques actuelles et réalistes (comme perdre son boulot, ne pas avoir d'avenir, être en conflit avec l'autorité parentale, se faire larguer comme un boulet ou encore tomber enceinte). Toutefois, cette volonté de dépeindre un personnage complexe ancré dans la réalité est un peu effacée par son exubérance presque fatigante. Je m'explique : on essaie de faire de Donna un personnage qui ne correspond pas aux stéréotypes du personnage féminin classique, en lui donnant une personnalité franche et expansive. Ce qui est plutôt positif. Cependant, sa vie de merde et ses réactions finissent par la faire tomber dans d'autres stéréotypes, en devenant une sorte de caliméro des temps modernes. Du coup, malgré ma toute ma sympathie pour le personnage, j'en ai presque fait une overdose.
Néanmoins, il y a du positif, du très positif même. L'esthétique est travaillée et sympathique, tout comme la bande originale ; le décor se plante dans un New-York intimiste et confortable. Les personnages ne tombent (presque) pas dans les clichés du cinéma romantique. Big up, d'ailleurs, pour le rôle masculin principal, qui, très loin du mâle alpha américain, est non seulement adorable, mais compréhensif et obligeant. Enfin, son sujet fait d'Obvious Child un film qui mérite au moins la curiosité, sinon le détour. Tout d'abord, parce que l'avortement n'est presque jamais abordé à l'écran, mais aussi parce que son traitement est très intéressant. Ne pouvant ni ne voulant avoir d'enfant, Donna prend une décision presque évidente en choisissant d'avorter. Ainsi, elle prend à contrepied la plupart des héroïnes enceintes de comédies romantiques (qui souvent gardent l'enfant où le perdent de façon plus ou moins tragique / miraculeuse). C'est là que se trouve la dimension merveilleuse du film. Non seulement, elle ne garde pas l'enfant, mais également, personne ne va remettre en cause sa décision. Ainsi, les personnages en parlent, partagent leurs expériences, plaisantent, manifestent leur soutien. Dire que le film ne traite que de l'avortement serait donc un peu réducteur, car il nous présente avant tout des tranches de vie. Cependant, de manière implicite, Obvious Child prend position : sans jamais être affiché comme facile, l'avortement fait (ou peut faire) partie de la vie. Il dépend uniquement de la personne qui attend un enfant. Seule maitresse de son corps et de sa vie, personne n'est plus légitime qu'elle pour prendre cette décision et en parler. Et cette philosophie, positive et féministe, manque cruellement aux autres films du genre.
Alors, oui, dans son esthétique et son ambiance, Obvious Child est un peu déjà vu. Cependant, en abordant intelligemment un sujet aussi difficile, il apporte une véritable touche de fraîcheur au genre vraiment répétitif de la comédie romantique.