Jurassic Park, Tomb Raider, Ocean's... 2018 réinvente son cinéma en exhumant les succès d'hier.


Elle aurait sans doute pu s'abstenir pour le coup... Car Ocean's 11-3 ne restera pas dans les annales de l'entertainment.


C'était pourtant facile, mais même ça, ceux qui se cachent derrière cette entreprise molle n'ont pas été capables de le faire. En effet, dès Ocean's 12, la franchise ne proposait plus rien de neuf et ennuyait. Quant à Ocean's 13, autant ne pas en parler...


Féminiser le casting aurait pu donner quelque chose d'atypique, de surprenant, ou au pire délicieux. Sauf que l'on profite bien sûr de l'effet d'aubaine (paravent ?) #metoo et Weinstein pour éviter de trop se creuser la tête pour pondre un scénario potable, même quand on s'y met à deux et que, de toute façon, si tu n'aimes pas et que tu critiques, t'es qu'un gros con de macho.


Je serais cependant curieux de savoir si le public féminin s'y retrouve tant que cela. Car aucune des femmes mises en scène n'offre un rôle un tant soit peu creusé ou n'est décliné qu'en tant que caricature d'une classe d'âge du public visé. Manque de bol : certains personnages sont tout simplement creux, comme Sandra, visiblement customisée, ou Cate. D'autres minaudent, Anne en tête (quel gâchis !) quand on n'en perd pas tout simplement en cours de route. Helena, à ce titre, grille toute velléité d'actrice dans un surjeu qui a tout du gênant. Les autres, enfin, s'engagent seulement dans la représentation hypocrite d'une minorité plus ou moins visible. Comme si Ocean's 8 s'inscrivait comme un film-alibi d'un air du temps en forme de suspicion et de politiquement correct fade et castrateur.


Sauf que cette volonté timorée de ne froisser personne contamine l'ensemble de l'ouvrage, qui ne propose absolument rien, que ce soit en terme de mise en scène ou d'intrigue. Rien à l'horizon, histoire d'arracher le spectateur de sa torpeur, déjà bien installée devant un premier match de l'équipe de France de football en mode petits-bras. Le casse du siècle se transforme donc assez rapidement en braquage de supérette, dont les préparatifs ressemblent à une juxtaposition paresseuse de vignettes éparses, donnant le sentiment que le film s'éternise plus que de raison.


Si le braquage en lui-même dynamise un tout petit peu l'ensemble, même si l'enjeu est bien petit, il sera cependant parasité par certains personnages inutiles, des explications capillotractées et manipulatrices, mais surtout par un défilé de mode dérisoire dans son image de la femme, où le glamour que l'on voulait sans doute afficher se perd dans une pose qui a tout du vulgaire dans son affichage du luxe ostentatoire, dans un amalgame digne d'un Sex & the City de triste mémoire.


D'autant plus que Ocean's 8 ne tire à aucun moment profit de son décor, un comble. Et le déviant que devient le masqué rêve de ce qu'aurait pu faire un Brian De Palma avec un tel matériau, lui qui, avec le même pitch de départ, avait livré dans sa Femme Fatale, une scène de vol de bijou d'anthologie...


Au contraire, ici, Ocean's 8 n'innove jamais, ne se montre à aucun moment inventif et passe mollement au rythme de sa petite musique féminine faussement décontractée que la production met en avant dans une certaine hypocrisie.La déception est donc grande, loin de la proposition de cinéma qui aurait pu être rafraîchissante ou, au moins, dans la ligné de son modèle estampillé 's 11. Mais non, ici, si les femmes braquent, c'est forcément un bijou super cher dans un cadre très mode des plus clichés. Si elles sont animées d'un seul sentiment, c'est seulement celui de la vengeance contre, bien évidemment, un vilain mec sans charisme.


Gary Ross filme donc sans passion ni attirance une enfilade de clichés d'un autre âge, délivrant un Ocean's 8 plat et d'une vacuité assez hallucinante et qui, raisin de Corinthe sur le couscous, ne comprend même pas le mouvement dans lequel il essaie de s'inscrire et de tirer profit.


De telles actrices à l'affiche méritaient mieux.


Behind_Où sont les femmes ?_the_Mask.

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le 16 juin 2018

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