Trop de faste tue la classe
Il s’agit sans aucun doute d’une suite à laquelle on ne s’attendait pas spécialement. Et pour cause, bien que le second opus permettait de retrouver avec bonheur George Clooney et sa clique, le film n’arrivait aucunement à la cheville du premier. Se montrant telle une suite décorative sans réel intérêt et bien trop bling-bling (un budget de 110 millions de dollars contre les 90 millions du premier). Ocean’s Thirteen a-t-il ce qu’il faut pour créer la surprise ? La réponse, donnant-la maintenant : non !
Déjà au niveau du casting, on sent que quelque chose ne va pas (du moins, pas autant que dans les opus précédents). Pourtant, tous les acteurs de la saga répondent présents (George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon, Andy Garcia, Don Cheadle, Bernie Mac, Elliott Gould, Casey Affleck… même Vincent Cassel refait une apparition !). Ce qui n’empêche nullement d’avoir l’impression que ces comédiens ne sont là que pour cachetonner. Et cela se voit par le manque d’alchimie entre eux ! Il n’y a plus la moindre étincelle. Celle qui faisait d’Ocean’s Eleven et de sa suite des films de copains, plutôt conviviaux. Au lieu de cela, Ocean’s Thirteen sonne plus comme « un braquage de plus » sans grande imagination, qui refait intervenir les habitués, même s’ils n’ont clairement pas leur place dans ce film (on pouvait très bien se passer d’Andy Garcia et de Vincent Cassel) ou bien qu’ils servent ici de figurants (Don Cheadle, Bernie Mac, Elliott Gould, Casey Affleck…). Et ce n’est pas Al Pacino, le petit nouveau de la bande, qui saura apporter quelque chose à ce casting, qui paraît bien plus luxueux (par les noms de ses comédiens) que de grande qualité. Du coup, on comprend que Julia Roberts ait décidé de ne pas revenir pour ce troisième film !
Car même question scénario, Ocean’s Thirteen n’a rien de passionnant. Bon d’accord, la saga ne faisait que suivre une bande de potes se lançant dans le braquage de casinos ou encore dans le vol d’objets de valeur. Et cette suite reste dans la même veine : notre équipe se mettant au défi de braquer le casino d’un homme richissime (qui a escroqué l’un des leurs), jugé comme étant le plus inviolable du monde. Une banale histoire de vengeance servant de prétexte à une nouvelle « mission ». Mais qui perd, contrairement à ses prédécesseurs, tout son humour (la verve des répliques et le comique de certaines situations) à cause des défauts cités pour le casting. Se faisant, Ocean’s Thirteen n’est plus qu’un film de braquage de plus, qui ne sort nullement de l’ordinaire. Et qui se permet même de frôler le ridicule avec certains détails scénaristiques, qui vont beaucoup trop loin. L’exemple principal étant la raison pour laquelle le casino est jugé inviolable : une intelligence artificielle contrôlant tous les systèmes de sécurité, que notre équipe va tenter de détraquer en simulant un tremblement de terre. C’est pour dire !
Et puis, Ocean’s Thirteen a beau être le film le moins cher de la trilogie (85 millions de dollars), il n’en reste pas moins encore plus bling-bling que les deux autres. D’accord, l’action du film se déroule dans un véritable palace (au design extérieur assez douteux, qui nécessite l’utilisation d’effets numériques) faisant office d’hôtel, de casino et de restaurant. Les lumières sont tamisées, cela brille de partout, les clients puent le fric… Tout le contraire d’Ocean’s Eleven, qui, lui, mettait en avant de la classe et non du faste. D’ailleurs, le réalisateur Steven Soderbergh ne semble n’avoir d’yeux que pour cela, se révélant être assez fainéant sur ce film. Il va jusqu’à user d’un filtre qui « jaunit » légèrement l’image du film, donnant une constante impression d’avoir le Soleil qui éclaire chaque scène en extérieur. Sans compter un happy-end s’exposant sous un feu d’artifice (plus cliché, tu meurs !) et une utilisation anecdotique du split-screen (l’écran partagé en plusieurs plans, effet de mise en scène lancée par Brian De Palma). Ce qui renforce ce côté bling-bling, décidément omniprésent pour cet opus !
Vous l’aurez compris en lisant cette critique. Il n’y a qu’un seul mot qui décrit parfaitement ce troisième opus, et même si cela vire à l’indigestion, n’ayons pas peur de le redire encore une fois : bling-bling ! En clair, Ocean’s Thirteen peut se laisser regarder (car voir une bande de braqueurs de casinos, cela reste sympa comme divertissement, surtout quand des stars hollywoodiennes entrent en action), mais n’atteint jamais le niveau du premier ni même d’Ocean’s Twelve, qui avaient bien plus de classe que cette suite. Qui semble avoir été faite sur un coup de tête. Juste histoire de réunir à nouveau la bande, sans aucune autre ambition !