Les documentaires animaliers sont véritablement revenus à la mode ces dernières années au cinéma. Il faut dire que ça surfe énormément avec le parallèle fait avec le réchauffement climatique. Hulot, Arthus-Bertrand et consorts en sont d'exemples probants. Toutefois, Perrin n'a pas attendu que l'on parle sans cesse de ce réchauffement pour créer des documentaires animaliers. il suffit de voir les quelques films qu'il a déjà réalisé au cours de ces dernières années. L'ultime avant Océans était Le peuple migrateur. Toutefois, quelle utilité peut-on trouver à ce documentaire avec toute cette mode actuelle? Perrin parvient pourtant à nous parler de l'océan avec une grande humilité, sans être moralisateur et en étant surtout démonstratif.
A la question posée par le film, Perrin préfère nettement le poids des images aux longs discours. Et c'est un choix qui s'avère intéressant car il choisit vraiment la voie du silence, ce qui est très rare pour un documentaire et parfois déconcertant (dans le bon sens du terme). Perrin ne veut pas de cette réponse orale. Il se pose comme quelqu'un qui n'y connait rien à cet océan (et au fond l'être humain en général connaît très peu les profondeurs océaniques. A titre d'exemple, on possède plus d'informations sur la surface de la lune). Il ne donne pas d'explications, il ne donne pas les noms des espèces que l'on voit à l'écran (même si la plupart sont assez faciles à trouver pour ceux qui s'intéressent un peu aux espèces marines). Perrin et Cluzaud (il faut pas oublier qu'il est crédité comme réalisateur aussi) décident de répondre par les images et nous montrent ce qui fait toute la vie des océans: la vie, la mort, les ballets incessants, le danger, etc.
Le fait de répondre essentiellement par des images nous prouve bien que Perrin est issu du cinéma à la base. A ce point s'ajoute cette volonté de créer une forme de fictionnalisation de ce documentaires en créant une histoire qui nous montrerait l'océan à partir du moment où l'humanité à exister jusqu'à aujourd'hui. Il y a par exemple cette caravelle qui est montrée et qui nous rappelle le temps des découvertes. L'océan est encore à découvrir. L'un des fils rouges de cette histoire est l'iguane des Galapagos. La comparaison entre cet animal et l'homme est réalisée. Car les premiers animaux ayant vécus sur Terre sont tous originaires de la mer. L'iguane forme en fait une forme de chaînon manquant entre les animaux des mers et ceux des terres. Perrin aborde de manière métaphorique notre passé et notre présent et témoigne de temps en temps de l'empreinte des hommes sur cet océan. C'est à ce moment que le cinéaste y va de son message écologique et de sauvegarde mais de manière assez brève. Il nous montre la pollution humaine sur l'océan mais ça dure à peine deux minutes. Il nous montre la pêche et la cruauté des hommes envers certains animaux marins. Mais là aussi c'est court (mais très fort) et nous ne discernerons jamais le visage de ces hommes. Et Perrin a le bon goût de dire que si l'homme a une emprise négative, il sait se montrer très positif vis-à-vis de l'océan et de son envie de découverte.
Il y balaie aussi des clichés comme celui, très impressionnant, du grand blanc. On peut y voir des plongeurs nager à côté de ce poisson impressionnant, sans cage. Superbes images vraiment. C'est d'ailleurs le point fort du film. Nous montrer la richesse de l'océan avec d'incroyables scènes. Et c'est très réussi à ce niveau.
Il y a parfois quelques éléments répétitifs dans ce film et peut-être d'avoir voulu se cantonner un peu trop à la surface de l'eau (entendez par là de ne pas aller voir encore plus bas sous l'eau). Car plus on plonge, plus on découvre des choses inconnues. Toutefois, Perrin et toute son équipe, après un travail de quatre ans, nous offrent un remarquable documentaire concrétisé de superbes images.