En général, avec les productions horrifiques qui finissent sur la plateforme Shudder, le manque de moyens évident est pallié par des idées originales qui sont menées à terme malgré tout (contrairement à Blumhouse qui ne sait quoi faire des ses high concepts). Oddity ne déroge pas à la règle, et s’il ne fera sans doute pas date, il reste tout de même un morceau fort sympathique qui trouvera son estime dans le cœur des aficionados du genre.
Car certes, le film de Damian Mc Carthy est dans l’économie de moyens, avec un casting très réduit (et pas toujours heureux), et une quasi unité de lieu (les scènes se déroulant à l’asile semblant d’ailleurs filmées dans un placard à balais). Mais plutôt que de vouloir viser au-dessus de sa capacité financière, il tire profit de ses limitations en utilisant ce qu’il possède à bon escient.
Le scénario livre des retournements inattendus (mais pas toujours cohérents dans leur exécution, et se permet quelques pointes d’humour noir qui se mêlent à la tension crée dans un premier temps par le ménagement de ses effets. Une palanquée de fusils de Tchekhov sont amorcés très rapidement, et le cinéaste s'amuse à en retarder le déclenchement pour jouer avec nos nerfs. Lesdits fusils passent par des éléments centraux à l’imagerie, des anomalies au design marquant qui contribuent à l’efficacité de l'œuvre. Là une statue de bois menaçante, ici un masque blanc spectral, au milieu une tente jaune aux qualités sépulcrales.
Mieux encore, la maison dans laquelle se déroule la majorité de l’action est présentée comme un personnage à part entière dont le spectateur sera vite familier de la topographie, permettant ainsi de créer des effets de tension alors que l’agencement des lieux est exploité au diapason de la teneur des scènes. La mezzanine, par exemple, apporte tantôt un plan d’ensemble où quelque chose à changé dans un décalage suscitant le malaise, se révèle parfois comme un cul-de-sac fatal, où permet une rupture de la ligne de vue créant l’angoisse par l’absence de repères.
Oddity est une petite perle d’ingéniosité qui parvient à dépasser son statut de petite production pour festivals et plate-forme, réussissant à jouer avec les nerfs de son spectateur de manière assez réjouissante pour que je le recommande aux curieux.