Comme j'enregistre systématiquement tout ce qui parle espagnol, je me retrouve à voir des films que je n'aurais pas vus autrement, dont ce polar qui finalement présente pas mal de qualités plutôt inattendues. Parce qu'il se passe en Galice, avé l'accent, dans un Ehpad, c'est inhabituel, qu'il est tendu comme une corde en mi et qu'il finit en apothéose à la Cartel. Enfin, je trouve. En fait, c'est l'interprétation qui remporte la palme, et c'est vraiment appréciable dans un genre moins prestigieux que les drames sociaux ou intimes. C'est parce que, précisément, il flirte avec le drame social ou intime que les acteurs peuvent montrer l'étendue de leur talent. Celui de Luis Tosar (Te doy mis ojos) n'est plus à démontrer, mais je suis restée baba devant celui du jeune type qui joue le fils cadet du vieux mafieux dont le héros prend soin dans sa maison de retraite, Enric Auquer : un chien fou rachitique et teigneux, tête à claques au possible, rongé par la violence et la facilité, qui se retrouve la proie de plus vicieux que lui quand il passe par la case prison. Et là, il y a une scène de parloir impressionnante, pendant laquelle il craque et laisse libre cours à une puissance émotionnelle rarement vue à l'écran, qui lui a valu un Goya, d'ailleurs. Une vraie belle surprise qui donne envie d'aller voir un peu dans la filmo du gars ce qui se trame d'intéressant, tout vilain qu'il est rendu par une coupe de cheveux immonde et des pyjamas de rapeur pas vraiment seyants. Pour le reste, l'intrigue est assez classique, à la base, mais se complique petit à petit et nous entraine vers un dénouement d'une cruauté marquante, qui sauvera certainement le film de l'oubli auquel je le croyais naïvement promis au départ.