Marivaudages en Corée du Sud
Le présent opus, de quatre-vingts minutes est divisé en quatre parties, jouées par les mêmes acteurs interprétant dans des temporalités différentes des rôles pas tout à fait similaires - la nuance souvent infime fait toute la saveur du dispositif. S'il y est pas mal question de cinéma – le jeune homme est un apprenti réalisateur dont les courts-métrages sont montrés lors d'un festival – c'est avant tout la complication des relations amoureuses qui est ici abordée. Oki's Movie, qui est le prénom de la jeune étudiante qui cristallise les attentions de son collègue et de son professeur et qui est aussi le titre de la quatrième partie, est plein de charme et de drôlerie et on suit les différentes péripéties avec beaucoup de plaisir sans qu'il soit nécessaire d'en comprendre tous les tenants et aboutissants. Le film d'Oki, mettant en parallèle ses relations à un an d'intervalle avec le professeur, puis l'étudiant, est un petit bijou de construction et de montage, qui suffit à résumer la situation épineuse et ambigüe dans laquelle la jeune fille se trouve.
Hong Sang-soo renforce avec Oki's Movie l'œuvre qu'il s'entend à échafauder depuis une quinzaine d'années avec constance. Mais il serait erroné d'y voir toujours le même film. Ce sont les subtiles variations, l'évolution lente mais inexorable vers plus de sérénité qui, guidant les personnages du réalisateur, représentants d'une jeunesse cultivée, mais égarée à la recherche de repères, indiquent que rien n'est figé chez ce dernier, qui prouve sans ostentation qu'il est aussi capable d'imprimer un tournant davantage radical, voire expérimental, à son cinéma.