Maintenant j'ai encore moins envie de voir la version de Polanski... comment rivaliser avec Maître L
Oliver Twist est un film réalisé par le grand David Lean. Je n'ai pas lu le bouquin ni vu les autres adaptations et de ce que j'avais entendu parler, je croyais qu'Oliver volait pour Fagin pendant tout le film. Erreur!
Côté scénario, c'est impeccable. L'adaptation respecte bien le médium et ses codes. J'ignore si le livre était déjà assez bien écrit pour y voir un film (surtout vu l'époque où il a été écrit...) ou si le screenplay est tout simplement bien foutu?
Techniquement le film est un véritable cours sur le cinéma, son montage, son découpage. Mais là où le cinéaste excelle, c'est dans ses séquences muettes et pourtant pleines d'émotions et d'informations; la mise en scène est, une fois de plus, contemporaine. Son utilisation des avants plans et arrières plans n'a rien à ce qui se fait aujourd'hui. Il ne faut pas oublier le travail sonore: ainsi lors de la séquence finale, le groupe criant à l'unisson est hyper impressionnant, et le silence laissé lors de la chute du méchant... bluffante! Enfin l'image est parfaite, surtout dans ces moments de contemplation où le directeur photo peut vraiment se donner à coeur joie pour filmer artistiquement un ciel, une branche, un décors...
Oliver Twist, le personnage, est un véritable antihéros: en fait, il ne fait que subir de tout le film, jamais il ne décide quoi que ce soit, inhabituel pour un eprsonnage qui donne son nom au film. En fait, au début, il est difficile d'avoir de l'empathie pour lui. je me suis d'ailleurs dit: oops le film est bien foutu, mais on se fiche du héros. En fait, pendant 40 minutes, Oliver passe d'une misère à l'autre... ces obstacles sont trop importants pour lui les résoudre... du coup, il ne peut que subir...et nous on ne peut vraiment pas sentir d'empathie pour lui à moins d'être à fond dans le misérabilisme à la frères dardenne. Puis Oliver est recueilli par un vieil homme riche. On est un peu content pour lui, mais là également pas de larmes versées lorsqu'il sert la bonne dans ses bras. Par conter, une fois qu'il est arraché à ce rêve, même s'il ne peut rien y faire, vu qu'on l'a vu heureux, on ne peut que trouver ce passage difficile àr egarder. Le pauvre Oliver, qui n'a rien demandé, qui n'a jamais de chance, se retrouve à nouveau dans la misère. Puis, il disparait. et là on s'intéresse aux méchants de l'histoire qui vont provoquer leur propre chute. et le reste du film l'émotion et la tension ne font que monter en puissance, jusqu'à pouvoir lacher une larme aux retrouvailles finales entre le vieil homme et le jeune garçon.
Autre fait remarquable: la violence! c'est assez impressionnant. Bien que suggérée, on tremble devant la colère Sikes (comme le chien d'ailleurs!). ainsi la mort de Nancy est une des morts les plus mémorables du cinéma.
Mes scènes favorites sont: l'introduction (belle contemplative, expérimentale, cinématographique à souhait) la scène du toit (fin), la poursuite des jeunes voleurs dans la rue (au début), le passage au tabac de Nancy, la demande d'une portion supplémentaire au début (comprenant également la courte paille), ainsi que tous les moments silencieux du films (y compris dans le bistrot)
Bref, David Lean était un génie, et je recommande à tous les cinéphiles de se jeter sur ce petit bijou.