À sa manière, Olli Mäki est un antihéros, un homme qui refusa en Finlande dans les années 60 le diktat du sport professionnel (la boxe) pour se consacrer d’abord à ses propres priorités : vivre pleinement son histoire d’amour avec Raija, une jolie institutrice. C’est vrai qu’on a peine à imaginer le frêle et délicat Olli sur un ring car même s’il combat dans la catégorie des poids plume, le garçon obligé de monter sur un tabouret pour se faire photographier avec un mannequin affiche toujours une distance qui laisse l’impression qu’il préférerait être ailleurs. Ce premier film en noir et blanc qui a obtenu le Prix Un Certain Regard au dernier festival de Cannes se révèle singulier, loin des schémas habituels des réalisations articulées autour de la boxe. On y voit assez peu d’entrainement et le match décisif se soldera en deux rounds faisant du malheureux Olli un magnifique looser, mais aussi le héros de la classe ouvrière finlandaise. En effet, le boxeur amoureux était boulanger et communiste, ce que le film ne fait que mentionner sans s’y arrêter. Le réalisateur Juho Kuosmanen renouvelle le cinéma finnois, à côté de la désespérance mélancolique et ironique de Aki Kaurismaki mais son héros tournant le dos à la compétition et faisant la promesse à sa bien-aimée d’un bonheur éternel dans un joli clin d’œil final nous ravit et nous touche autant que ceux de l’auteur de L’Homme sans passé.