A cinq sur Mars.
En voilà du cinéma de qualité! Ce petit film québécois déploie un sacré charme et vous enchante durant toute la projection par la force d’une écriture ciselée, d’un casting homogène et complémentaire...
Par
le 4 oct. 2022
6 j'aime
Le point de départ du dernier film de Stéphane Lafleur, réalisateur québécois remarqué (En Terrains connus, Tu dors Nicole) est formidable : cinq personnes, au profil psychologique similaire à celui de cinq astronautes US en mission sur Mars, sont confinés – mais sur Terre – durant toute la durée de la mission spatiale dans des conditions similaires, de manière à permettre d’anticiper d’éventuels problèmes dans les relations humaines liées à l’isolement absolu. Voilà donc cinq volontaires à qui on impose (qui s’imposent plutôt à eux-mêmes) d’être « quelqu’un d’autre pendant de longs mois : une épreuve dont nul ne saurait sortir indemne, d’autant que, inévitablement, leurs propres désirs, leurs problèmes troubles vont interférer avec l’expérience scientifique.
Le début de On dirait la planète Mars (dont les extérieurs sont filmés dans les paysages du Canada assez inédits à l’écran) fascine, entre trouble identitaire, abîme existentiel et quelques touches d’humour absurde, voire légèrement malaisant. Les décors intérieurs sont réduits au minimum, l’interprétation bien tenue (Steve Laplante, en particulier, est d’une sobriété et d’une précision remarquables dans le rôle principal), certains rebondissements du scénario sont effectivement bien trouvés : bref, on se prépare à profiter d’un petit film indépendant « high concept » comme on les adore…
Mais peu à peu, la magie s’étiole, un vague ennui s’installe, à peine traversé de temps à autre par une belle idée un peu plus stimulante ou par un gag bien vu. Les intermèdes oniriques sont particulièrement dénués d’intérêt, n’apportant rien au film. Et, en débit d’une sorte de « twist » intéressant, le film se conclut sans se conclure, comme si Lafleur n’avait pas osé aller jusqu’au bout de son sujet.
On dirait la planète Mars est un film dont le trop plein de thèmes (qu’est-ce qui constitue notre identité ? qu’est-ce qui détermine les interactions humaines dans la société ? voire même qu’est-ce que la réalité ?) contraste avec l’indécision générale du projet, avec la triste tiédeur du traitement. Il aurait fallu que Lafleur choisisse plus clairement de quoi il voulait parler, le genre de film qu’il voulait faire : de la distorsion et l’illusion du réel façon Philip K. Dick au huis clos psychologique, en passant par la comédie absurde, il avait le choix, et chaque option aurait pu donner un film intéressant. Ce que n’est pas du tout son On dirait la planète Mars.
[Critique écrite en 2023]
https://www.benzinemag.net/2023/08/05/on-dirait-la-planete-mars-de-stephane-lafleur-life-on-mars/
Créée
le 6 août 2023
Critique lue 244 fois
3 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur On dirait la planète Mars
En voilà du cinéma de qualité! Ce petit film québécois déploie un sacré charme et vous enchante durant toute la projection par la force d’une écriture ciselée, d’un casting homogène et complémentaire...
Par
le 4 oct. 2022
6 j'aime
Le point de départ du dernier film de Stéphane Lafleur, réalisateur québécois remarqué (En Terrains connus, Tu dors Nicole) est formidable : cinq personnes, au profil psychologique similaire à celui...
Par
le 6 août 2023
3 j'aime
1
Le concept de ce film québécois réalisé par Stéphane Lafleur est génial par sa simplicité et les vertiges thématiques qu’il permet d’aborder. Alors que la première mission humaine est en route vers...
Par
le 11 nov. 2022
3 j'aime
1
Du même critique
Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...
Par
le 29 nov. 2019
205 j'aime
152
Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...
Par
le 15 janv. 2020
192 j'aime
118
Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...
Par
le 15 sept. 2020
190 j'aime
25