• James Bond. Permettez-moi de me présenter. Oui c'est moi, Ernst Stavro Blofeld. On m'avait dit que vous aviez été assassiné à Hong Kong.

  • Oui, c'est ma seconde vie.

  • On ne vit que deux fois M. Bond.



En 1967, Lewis Gilbert signe avec On ne vit que deux fois la cinquième aventure de James Bond avec Sean Connery toujours présent en tant que l'agent britannique 007. Pour ce nouvel opus le récit va ingénieusement surfer sur l'actualité du moment avec la course folle pour la prise de l'espace entre les États-Unis et l'Union soviétique, en proposant une intrigue où l'organisation SPECTRE ( Service Pour l'Espionnage, le Contre-espionnage, le Terrorisme, la Rétorsion et l'Extorsion ) va fomenter dans l'ombre une Troisième guerre mondiale en volant des capsules spatiales américaines et russes, qui vont plonger les deux nations dans une situation très tendue où chacun va se rejeter la faute. Un jeu dangereux qui va pousser les deux superpuissances à se livrer une nouvelle guerre froide si de tels incidents venaient à se reproduire. C'est dans cette atmosphère post-apocalyptique que l'agent 007 rentre en scène et quoi de mieux pour pouvoir enquêter librement que de se faire passer pour mort aux yeux de SPECTRE lors d'une petite escapade amoureuse avec une chinoise.


Tout comme Bons baisers de Russie, On ne vit que deux fois va essentiellement s'articuler autour d'un seul décor avec le Japon. Une plongée dans l'Extrême-Orient avec une culture japonaise qui prend le temps d'être explorée. On présente le Japon high-tech ainsi que sa face opposée avec sa partie féodale. Un contraste intéressant qui s'opère bien pour une aventure de ce calibre, dans laquelle on va pouvoir découvrir les magnifiques habitations traditionnelles et autres pièces de vies avec des jardins somptueux ainsi que des beaux costumes jusqu'aux kimonos. On prend même le temps de nous montrer un enterrement traditionnel ainsi qu'un mariage sans pour autant oublier les fameux samouraïs, et même les ninjas. Cela fait un gros mélange un peu fourre-tout mais ça reste appréciable. Étonnamment, le film décrit également le patriarcat extrêmement présent avec des discours on ne peut plus clairs sur le rôle des femmes au sein de cette société et qui ne semble pas déplaire à 007. Bien entendu que serait un James Bond sans alcool qui en plus prouve qu'il n'est pas qu'un amateur de vodka martini mélangé au shaker mais pas à la cuillère, mais aussi un adepte du saké qui doit être servi à bonne température soit à 36,6 degrés. La progression du récit nous projette dans des lieux exotiques avec les fameuses îles du Japon et ses volcans, qui ici sert de repère secret pour l'organisation SPECTRE. À noter, que c'est un repère diabolique particulièrement bien élaboré, qui tombe un peu dans la caricature de l'antre démoniaque par excellence avec son bain de piranhas, mais dans l'ensemble c'est une base solide. On inspecte également le service d'espionnage japonais tenu par Tiger Tanaka (Tetsuro Tamba). Un service secret particulièrement bien fichu qui réserve quelques petites surprises.


L'action bas son plein, et de ce côté-là on peut dire qu'on est parfaitement régalé. En matière d'action il s'agit d'un des meilleurs Bond avec Sean Connery. Un divertissement complet et amusant qui offre de belles péripéties à commencer par l'utilisation des gadgets qui sont excellents, en particulier '' Petite Nelly ''. Nelly est un super mini-hélicoptère en kit assemblé par ce cher '' Q '' (Desmond Llewelyn). Un véhicule qui ne paye pas de mine mais qui est doté d'une puissance de feu spectaculaire que Bond va mettre à profit durant une confrontation particulièrement distrayante. Pour l'anecdote, durant le tournage le photographe aérien Johnny Jordan s'est pris une jambe dans les pales de l'un des hélicoptères, il a fallu amputer le pauvre bougre. Parmi les gadgets on découvre également une belle artillerie japonaise avec les fameuses cigarettes à projection explosive, jusqu'à l'utilisation d'une technique ancestrale d'empoisonnement ninja qui sera à l'origine de la mort d'un des personnages. La confrontation finale est particulièrement explosive, on en prend plein les mirettes tant le spectacle est jouissif. Une conclusion dans laquelle James nous offre une confrontation au corps-à-corps plutôt satisfaisante contre le garde du corps massif de Blofeld. Un duel très intéressant qui néanmoins reste inférieur à son premier combat contre l'homme de main japonais de M. Osato (Teru Shimada), qui donnera bien du mal à 007 allant jusqu'à utiliser un katana contre lui. La scène la plus spectaculaire se passe sur les quais de Kobe où Bond est poursuivi sur les toits par des assassins. Un petit plan séquence en suspension aérienne qui donne le ton et le rythme !




  • Mon ami, vous allez prendre votre premier bain civilisé.

  • Oui... Et bien, j'adore votre matériel.

  • Confiez-vous entièrement aux mains de ces jeunes filles, mon cher Bond-San. Règle n°1 : '' C'est de ne jamais faire vous-même ce qu'une autre personne peut faire pour vous. ''

  • Et règle n°2 ?

  • Règle n°2 : '' Au Japon, l'homme passe toujours en premier, les femmes en second ''.

  • Je prendrai ma retraite ici.



Lewis Gilbert offre une réalisation réussie autant dans ses phases explosives que descriptives. Le cinéaste parvient assez habilement compte tenu de l'époque à retranscrire les scènes situées dans l'espace. Les effets spéciaux encadrant la capture des capsules spatiales américaine et soviétique avec le vaisseau spatial de SPECTRE tiennent la route. La composition musicale de John Barry tient encore une fois toutes ses promesses avec quelques nouveautés comptant un thème plus dramatique, un autre plus romantique, et même quelques tonalités orientales. La chanson "You Only Live Twice" par Nancy Sinatra, qui initialement fut proposé à Frank Sinatra son père qui préféra laisser sa place à sa fille (vive le pistonnage), est un titre mémorable. Je suis simplement étonné que pour l'occasion le studio n'est pas profité de mettre un titre qui fasse plus oriental. Parmi les comédiens on retrouve les personnages emblématiques qui sont pour cet opus en rupture avec le format traditionnel puisque cette fois-ci James ne passe pas par le bureau londonien de M pour prendre ses ordres, mais le fait à bord d'un sous-marin. Il y retrouve M toujours incarné par Bernard Lee, ainsi que la seule et unique Moneypenny par Lois Maxwell qui ne manque pas de charme. À préciser, que 007 nous gratifie tout de même de son fameux lancé de chapeau sur le porte vêtement. Q par Desmond Llewelyn fait une petite apparition amusante. A contrario, on perd le personnage de Felix Leiter apparu dans les autres opus sous différents comédiens.


Sean Connery en tant que James Bond est toujours aussi charismatique. Avec son humour cinglant et son appréciation approximative des femmes il continue de marquer les esprits. Le comédien montre qu'il est encore en forme et le prouve ! C'est surprenant de voir pour la première fois James Bond emprunter un faux nom ( M.Fisher) pour s'infiltrer comme tout agent est normalement censé faire. Tiger Tanaka par Tetsuro Tamba est une bonne surprise ! J'ai adoré ce personnage qui va servir de guide, de mentor, ainsi que de frères d'armes à Bond. Un personnage énigmatique à la fois traditionaliste et moderniste qui est à la tête d'une unité de ninja à la pointe de la technologie d'espionnage. Tout du long du récit il va particulièrement bien aider l'espion anglais. Aki par Akiko Wakabayashi est une Bond girl appréciable qui va user plus de naturel que de provocations ce qui vient un peu contraster avec ce qu'on a l'habitude de voir. Comme d'habitude les Bond girl avec Sean Connery sont en retraits durant l'action. Mie Hama en tant que Kissy est une jeune femme charmante qui va avoir la lourde tâche de rester en bikini de plage dans la plupart des actions et sans armes en plus. Assez surpris par le traitement effectué autour de la comédienne Karin Dor en tant que Helga Brandt qui va subitement nous quitter de manière bien violente. On ne vit que deux fois c'est surtout l'occasion d'enfin totalement découvrir le grand méchant de l'univers Bondien à la tête de l'organisation SPECTRE '' Ernst Stavro Blofeld '', joué par Donald Pleasence. Alors, comment dire... Je dois dire que j'ai eu une douche froide en voyant l'incarnation terriblement caricaturale du comédien qui pour pas un sous n'est charismatique, ou ne laisse dégager une véritable aura malfaisante. Je l'ai trouvé terriblement kitsch, molasse et théâtrale. De plus, le gars au lieu de tuer James Bond quand il en a l'occasion préfère exécuter sans la moindre raison son agent M. Osato par Teru Shimada qui est très effacé. Une rencontre au sommet tant attendue entre James Bond et Blofeld qui malheureusement n'a pas l'impact espéré. Quelle déception !



Mais qu'est-ce que c'est que ce binz !



Alors là je vais aborder ce qui me pose un énorme problème avec ce film. Bond va devenir un tueur de l'ombre (pourquoi pas), et pour cela il doit s'affranchir des 3 règles pour devenir un ninja, où comme le précise à chaque fois l'exécrable VF ninjaS en appuyant bien sur le ''s ''.
- Règle numéro 1 :
'' Devenir japonais ''
- Règle numéro 2 :
'' Suivre un entraînement intensif. ''
- Règle numéro 3 :
" Prendre une femme. "


Si la règle numéro 2 paraît logique, qu'est-ce que c'est que ses autres règles complètement débile et farfelu ! Même en recontextualisant l'époque je trouve l'idée saugrenue, puérile et surtout sans le moindre sens. Du coup, on va voir James Bond grimé en japonais, à la limite, si c'était pour pouvoir mieux s'infiltrer auprès des japonais je pourrais comprendre ( et encore les Japonais ne sont pas cons même en faisant des yeux bridés ils reconnaîtront si t'es un occidentale ou pas ). Et tout cela pourquoi ? Juste pour faire une séquence dans laquelle on va voir James Bond avec les yeux bridés habillé dans un kimono traditionnel. Maintenant revenons-en à sa femme d'emprunt. Là aussi mais qu'elle est l'utilité de tout cela ? C'est complètement grotesque, pour devenir ninja il faut que tu es une femme japonaise qui en plus ici n'est même pas un vrai mariage, donc à ce moment-là à quoi ça sert de le faire ? C'est même pas logique avec sa propre logique. Si c'était juste pour présenter un mariage traditionnel il y avait bon nombre de manières de le faire plus intelligemment. Enfin, tout ça pour dire que James Bond les yeux grimés en japonais qui en plus se marie pour de faux pour devenir un ninja dans une gratuité totale qui ne sert même pas le récit : je veux bien être bon public mais il y a des limites !



CONCLUSION :



On ne vit que deux fois de Lewis Gilbert pour la cinquième aventure de James Bond, avec toujours dans le rôle éponyme Sean Connery qui marque encore de son charisme, présente l'un des épisodes les plus mouvementés de la saga avec Connery. Un film d'action généreux aux nombreuses péripéties distrayantes qui s'articulent autour d'un cadre riche avec le Japon, que le cinéaste prend le temps de présenter. Un film amusant non pas sans défaut avec l'effet d'un pétard mouillé sur la première apparition du grand antagoniste principal ainsi que sur certains choix très douteux. En reste néanmoins un opus très sympathique à suivre qui promet quelques bonnes surprises.


Saru mo ki kara ochiru.
Même le singe tombe de l'arbre.




  • Je suppose que vous devinez ce qui chez vous doit les fasciner. Ce sont les poils que vous avez sur la poitrine. Les Japonais n'ont aucun poil sur leur splendide torse.

  • Un proverbe japonais dit : '' Jamais l'oiseau ne fait son nid sur l'arbre dénudé ''.


B_Jérémy
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le 2 nov. 2021

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