Bond ne vit que vingt-quatre fois (pour le moment)

Premier épisode de la saga ouvertement infidèle au livre dont il est tiré, ce fait étant compréhensible car ce n'était pas ce livre ci qui devait être utilisé alors. Ce devait être le roman le précédent, très logiquement, Au Service Secret de Sa Majesté. En effet ce dernier constitue le deuxième opus ce que l'on appelle "la trilogie du spectre", faisant suite à Opération Tonnerre, car il suit les aventure de Bond en face de cette organisation et de son chef, Blofeld. Le troisième roman étant finalement, On ne Vit que Deux Fois.
Tout cet imbroglio a conduit à écrire un scénario pour le moins vidé d'une partie de la substance bondienne : il faut dire que l'écriture de Roald Dahl n'aide pas et si c'est le premier film aussi faible de la série, on peut se demander si ce n'était pas trop tôt pour se départir à ce point de l'écrit flemingien. Pour rappel, Roald Dahl, c'est l'auteur du Bon Gros Géant ou de Charlie et la Chocolaterie.
Sean Connery à l'air absent et s'imite lui même en compilant ses précédentes prestations. Pourtant ses rapports avec Tiger Tanaka montrent une entente entre les deux hommes au delà de l'écran. Le reste du casting n'est pas à la hauteur de la réputation d'EON productions mis à part Donald Pleasance qui joue un Blofeld amusant qui sera surpassé dans l'épisode suivant par Telly Savalas. Akiko Wakabayashi est pourtant charmante mais Mie Hama et Karin Dor ont des noms aussi courts que leur prestation respective et leur talent. Deux des pires choix de James Bond girls, difficilement explicables, en tous cas pour la dernière citée. Et de plus, malgré les efforts mis dans l'entreprise, le film est à l'image de sa star : il rejoue la même symphonie pour effacer la fatigue de ce cinquième volet. Il faut aussi dire que Lewis Gilbert est le même genre de réalisateur que Guy Hamilton : il réalisera plusieurs films de la série et n'obtiendra qu'une véritable pépite, L'Espion qui m'Aimait comme c'est le cas avec Goldfinger pour Hamilton.
Il regorge tout de même de trouvailles et de gadgets improbables et incroyables. Il a même était critiqué pour cela. Sans bouder notre plaisir on peut dire que la petite Nelly, ce gyrocoptère muni de missiles est pour le moins étonnant et le volcan qui s'ouvre pour laisser place à la base extravagante de Blofeld est une image qui reste unique. Car oui Ken Adam se surpasse avec des décors en formes rondes, avec un budget sans limite et son inspiration habituelle. La photo de Freddie Young (le même que celui qui officie sur Lawrence d'Arabie) rend admirablement justice a ses décors et aux lieux en général. La musique est encore meilleure que dans le film précédent mais vers la fin elle est peu trop bruyante car elle mise trop sur les cuivres. Cependant le morceau joué au moment de la course poursuite sur les toits de Kobé ainsi que la chanson-titre et son générique sont magnifiques. Des raisons suffisantes pour voir ce film.
Les thèmes sont respectés mais en retenue, et la symbolique politique et ésotérique chère à Fleming est moins présente que dans les autres films. Reste la base : Bond doit nettoyer sa part sombre de lui même pour se réunir avec l'énergie féminine.
Par contre avoir remis James Bond en sandales est vraiment une chose incompréhensible. Preuve qu'il fallait changer de direction ! Ce qui sera fait dans l'épisode suivant.
Au final, un film plaisant à regarder un verre à la main. ありがとう ボンド さん (Arigatô Bond san).

Créée

le 19 août 2015

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Fiuza

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