On Peut toujours rêver rappelle que de bons sentiments ne font pas forcément un bon film – c’est même souvent l’inverse… – et qu’il est difficile pour un acteur de comédie de se donner le premier rôle dans un film qu’il réalise, au sein duquel il campe un rôle sérieux. Car nous ne croyons jamais à cette mascarade socialisante qui mélange les cultures avec un opportunisme tel qu’il conforte malgré lui les clichés qu’il pense dénoncer. La soupe populaire ne prend jamais : le riche patron s’ennuie et se divertit en piquant des objets dans un magasin, en louant les services d’un coiffeur arabe censé incarner le bon sens du peuple ; en cela, le long métrage se leurre sur cette idée (à la mode) d’une sagesse populaire apte à raccorder les intellectuels enfermés dans leur tour d’ivoire. Nous percevons également l’engagement politique de Smaïn, acteur médiocre mais figure alors importante de l’association SOS Racisme – souvenons-nous de sa participation au concert en 1987 aux côtés de Mylène Farmer. Or, Pierre Richard échoue à tirer des clichés une énergie quelconque et dément l’affirmation de selon laquelle « lorsqu’on attire l’attention sur un cliché ordinaire, on lui donne automatiquement un regain d’énergie » (Marshall McLuhan) : sa mise en scène approximative adopte des poses dépourvues de sens et surtout de rythme. Une reprise ratée du Jouet (Francis Veber, 1976) que ne parvient même pas à sauver Jacques Seiler, qui livre ici une prestation savoureuse en détective malchanceux.

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le 18 févr. 2023

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