La comédie nihiliste de l'année

On the Count of Three c'est l'histoire de deux paumés fortement sympathiques, qui ne trouvant plus leur place dans ce monde décident de se suicider ensemble en se tuant l'un l'autre. Ce pitch en apparence peu joyeux est finalement le point de départ d'une très bonne comédie d'un cynisme extrême. Au fur et à mesure que l'inéluctable est repoussé, les péripéties des personnages s'enchainent donnant à voir une Amérique en pleine déliquescence, il est alors difficile de ne pas adhérer à la vision des protagonistes qui refusent de rentrer dans les modèles préfabriqués de cette société à bout de souffle dont ils supportent le ridicule à longueur de journée.

Buddy movie autodestructeur, une grande partie du charme d'On the Count of Three repose sur la relation qui lie nos deux "héros". Relation amusante dans leur complicité et leur franc-parler toujours tinté d'ironie, nous offrant quelques citations cultes "I Need one more day - You Tried to kill yourself 3 days ago, you had 3 more days", "I didn't knew I had to send a save the date for a fucking double suicide" "I dont' listen to Alanis Morisette when I'm going through a breakup and I'm not listening to Papa fucking Roach on the day I'm gonna kill myself", "Thanks for hitting my dad over the head with a tire iron earlier, you're a good friend", à l'humour peu ostentatoire mais diablement efficace. Relation émouvante aussi dans la manière dont on voit les personnages compatir et s'entraider tout au long du métrage s'aidant mutuellement à résoudre leurs problèmes : n'est ce pas là finalement la base de toute vraie amitié.

On the Count of Three réussi le pari d'être une comédie rafraichissante et émouvante sur le suicide, c'est d'autant plus exceptionnel car c'est le premier long métrage de Jerrod Carmichael qui était jusqu'ici acteur et visiblement surtout stand-upper. C'est une bien belle façon de faire ses premières armes.