Anarchie romantique
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Il y a des réalisateurs qui marquent leurs films d’une signature tellement singulière qu’on les reconnaît immédiatement. C’est le cas pour Tim Burton, Wes Anderson, Terrence Malick, c’est également le cas pour Emir Kusturica. Ses films sont marqués par l’exubérance, la folie et la poésie. C’est un univers tout à fait unique. Quand je regarde un film d’Emir Kusturica, c’est ce que je m’attends à voir et ce que je souhaite voir. Je n’ai pas été déçue avec On the Milky Road. Il y aurait des tonnes de choses à relever dans ce film. Je me limite à quelques points !
Cette fois-ci, Emir Kusturica nous conte une histoire d’amour entre Kosta un homme bon et Nevesta une belle italienne. Ce sont deux êtres dont on ne sait pas grand chose sinon qu’ils ont soufferts et qu’ils se comprennent immédiatement, sans beaucoup parler.
Emir Kusturica a l’habitude de convoquer toute une ménagerie dans ses films mais dans ce film il y a ceci de particuliers que les animaux ont un rôle décisif. Ils protègent Kosta cet homme silencieux et bon. Car ils ont cette capacité de ressentir ce qui habite les hommes, leurs personnalités, leurs émotions. Et ce sont les animaux les plus improbables qui viennent en aide à Kosta : d’abord un serpent, symbole même du mal dans la Bible. Le film y fait référence. Mais justement, celui qui a vaincu le mal en lui-même n’a plus à craindre le serpent. Une autre scène vient renforcer cela : celle où Kosta nourrit l’ours, l’un des animaux les plus dangereux et terrifiant qui existe. Seul un être habité par la douceur peut avoir une telle relation avec les animaux. Kosta est aussi aidé par son ami le faucon. Et il est aidé également par des insectes : magnifique scène que celle où un petit papillon blanc attaque trois soldats noirs qui pourchassent Kosta et sa bien-aimée ! Il fallait y penser ! Ce sont ensuite des abeilles qui s’en prennent à ces mêmes soldats. Et enfin il y a le troupeau de moutons qui forment une barrière protectrice autour de Kosta et Nevesta, cela donne lieu à l’un des plus beaux plans du film. Et bien sûr en plus de ces animaux qui ont un véritable rôle, il y a tous les animaux habituels des films de Kusturica et en premier lieu les oies qui apportent une note de fouillis, ainsi que l’âne, les chats, les poules …
Les animaux sont tellement importants dans ce film que plusieurs d’entre eux sont nommés au générique !
On the Milky Road est imprégné de poésie : quelles merveilleuses images ! Que ce soit les paysages où les passages oniriques, ou bien les plans qui captent la beauté d’un puits ou d’un arbre majestueux ou bien le plan final à la foi superbe et bouleversant dans sa signification.
La musique caractéristique des films de Kusturica est également au rendez-vous avec ses mélodies d’accordéon, de trompettes et de violon.
Il faut malheureusement admettre que l’histoire laisse à désirer du point de vue du scénario. Les « méchants » dans cette histoire sont des soldats de l’OTAN qui poursuivent implacablement les deux amoureux à cause de la jalousie d’un général. Mais j’ai laissé de côté cette faiblesse scénaristique pour me laisser prendre par la poésie et l’énergie qui se dégage de On the Milky Road et j’ai beaucoup aimé !
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Créée
le 19 nov. 2021
Critique lue 132 fois
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