Après s’être cherchée sans nous avoir trouvé avec Les proies, remake certes sympathique mais inutile d’un western sadique, Sofia poursuit la mue de son cinéma en ne gardant rien de sa précédente expérience si ce n’est son directeur photo (Philippe Le Sourd). Arrêt comédie de mœurs new-yorkaise, avec bande-son jazzy comme il se doit.
Ça ferait penser à du Woody Allen ? Évidemment, d’ailleurs tout son casting donne l’impression de jouer dans un Annie Hall bis à l’exception de Bill Muray qui lui est dans un Lubitsch. Et c’est délicieux. Dépoussiérant ses thèmes mélancoliques, ses atmosphères évanescentes parcourues de personnages à la violence rentrée, Sofia Coppola va plutôt nous filmer un New York à hauteur de piéton où une jeune femme (l’excellente Rashida Jones en riche paumée, comme beaucoup de personnages de la réalisatrice) convoque un Bill Muray show de haute volée. Le dispositif rappelle conceptuellement Toni Erdmann d’ailleurs -papa poule à la rescousse- preuve s’il en fallait de sa non-complexité.
Au final on suit avec grand plaisir ces escapades excentriques, souvent tendres, en regrettant un peu leur grande légèreté avant de s’apercevoir que c’est un salutaire vent de nouveauté qui souffle, voire pétille, sur le cinéma de la réalisatrice de Lost in translation. Dix-sept ans après leurs péripéties tokyoïtes, Sofia et Bill prennent visiblement un plaisir monstre à se retrouver, et vu qu’ils sont partageurs, on serait fou de se priver de cette bluette de haute volée. La pellicule réussit à conjuguer la maîtrise d’un grand film à la fraicheur brute, on the rocks, d’une belle comédie écrite sur des nappes en papier 15 minutes avant de lancer la caméra.
Pas de commentaire sur Apple TV et leurs placements produits par contre, j’essaye de finir sur une note positive.