Réponse à l'article "Le triomphe du mâle alpha" de Camille Wernaers, par Lucas Baran

Cette critique n'en sera pas vraiment une. Je suis allé voir le dernier film de Tarantino comme beaucoup de cinéphiles appréciant son travail, mais bien que j'ai adoré le film, et que je trouve incroyable que Tarantino arrive encore à s'imposer comme l'un des réalisateurs les plus originaux du moment, je ne pense avoir grand chose à ajouter que tant d'autres membres de ce site ont pu dire.


Plus d'une semaine après sa sortie, le film me reste en tête et m'a beaucoup marqué. Cependant, je vois aussi défiler sur Internet une foule d'articles ou de news, expliquant que Tarantino se fait traité de raciste, misogyne et tout ce qui s'en suit par une partie du public. Chose habituelle quand on est un réalisateur aussi populaire, mais pourtant dans le lot, un article a retenu mon attention.


Il s'agit d'un article de rtbf.be, écrit par Camille Wernaers, et s'intitulant "Once Upon A Time In Hollywood, ou le triomphe du mâle alpha." Voici un lien vers ledit article : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_once-upon-a-time-in-hollywood-tarantino-ou-le-triomphe-du-male-alpha?id=10293107&fbclid=IwAR0RRnb5eVIBa8Y5GwAh7XqcZfLecyw0zVp5EbRgxv8Ny0Kios4YUM9uVHo


Je n'adule personne, et comprend parfaitement que l'on puisse avoir passé un mauvais moment devant le dernier Tarantino. Cependant, ce que j'ai lu dans cet article m'a profondément énervé, car il n'est pas une mauvaise critique, mais un ramassis de mensonges et de déformation tout en déclarant qu'un artiste est misogyne et raciste, en ne se basant que sur des interprétations idiotes. Je vais donc citer quelques passages de l'article, et essayer de répondre au mieux à cette "journaliste".


"Première étrangeté: les femmes sont montrées la plupart du temps à moitié nues et pieds nus alors que les hommes ont tout à fait trouvé des affaires à porter."


Cette introduction d'article, est déjà renversant. Premièrement, je ne me rappelle pas avoir vu tant de femme à moitié nues, excepté si l'on décide de décrire ainsi les femmes qui s'appellent court. Tarantino le clame haut et fort, son film est un hommage à l'Hollywood, quelque peu fantasmé forcément, des fin sixties, et la manière qu'ont les personnages de s'habiller, ne respecte que le style des époques. Si le personnage de Sharon Tate s'habille si court, c'est parce que Sharon Tate, dans les photos que nous connaissons d'elle, s'habillait ainsi.
Le personnage de Pussycat (la jeune hippie), et elle aussi habillé très court, et ne porte pas de soutien gorge. Mais avez-vous déjà vu des photos d'hippie de cette époque ? Certes, il y avait des style plus vêtu à adopter peut-être, mais ce personnage se sexualise beaucoup, et c'est peut-être con à dire mais... C'est l'été, à Hollywood, il fait chaud sa mère. Les femmes ont chaud, donc elles mettent des shorts et des débardeurs, d'autant plus à une époque où la libération de la femme explosait.
Les autres personnages féminins, que ce soit l'épouse Italienne de Rick Dalton, la femme du chef cascadeur, où es autres que j'ai pu voir, ne m'ont pas paru plus sexualisé que le personnage de DiCaprio.
Et pour en finir avec la sexualisation des femmes dans ce film, il ne faut quand même pas oublier que Tarantino ne les filme pas seulement pour les mettre en valeur, mais les désexualise complètement en filmant Margot Robbie ronfler, ainsi que l'épouse italienne de Rick Dalton, sous des angles peu flatteurs. Et pour parler des pieds nus féminins, si chers à Tarantino, je tiens à appuyer que ceux de Pussycat, la jeune hippie, sont filmés s'écrasant contre le pare-brise de la voiture avec la plante des pieds appuyées mollement contre la vitre, et que ceux de Margot Robbie dans le cinéma, sont sales. Encore une fois ici, la sexualisation se fait briser par cela, et il y a encore d'autres exemples (les poils sous les bras de Pussycat, alors qu'elle propose à Cliff de le sucer).


"Le personnage de Pussycat (sic) est particulièrement intéressant puisqu'un long dialogue nous apprend qu’elle est mineure, ce qui n’empêche pas de l’hypersexualiser dans les dialogues qu’on lui a écrits, les mimiques qu’on lui fait faire et la manière dont la caméra de Tarantino la filme, notamment par derrière, à hauteur des fesses"


Pussycat est un personnage qui se sexualise énormément volontairement. C'est une ado de 17 ans hippie, qui souhaite se libérer de toutes normes que la société impose, et donc si elle veut coucher avec des mecs de 40 ans alors qu'elle n'est pas majeure, elle essaie de le faire. La mise en scène et les dialogues la sexualisent, mais c'est parceque le personnage le nécessite, et elle ne l'est pas juste pour montrer un cul.


"Il y a " mieux ". Il se trouve que le personnage de Cliff Booth, interprété par Brad Pitt, a assassiné sa femme. Cet événement servira de ressort comique durant tout le film, par exemple quand Bruce Lee veut se battre avec Brad Pitt (quels hommes !) et qu’on le prévient en lui disant " Tu es sûr de vouloir te battre avec lui ? Il est connu parce qu’il assassiné sa femme et s’en est sorti ". Rires gras dans la salle."


Bien que je trouve la journaliste bien trop virulente, je ne peux pas dire pourtant qu'elle a totalement tort. Certes, ce genre de blague peuvent être mal vues, et on peut les trouver dangereuse. Mais bon, je ne vois pas en quoi cet élément comique du film est plus dangereux qu'une blague sur la Shoah, ou sur le conflit Israelo-Palestinien, pour parler d'un sujet actuel. Est-ce vraiment ce genre de choses qui augmentent les féminicides ? Si c'est le cas, alors c'est l'humour noir en lui-même qui est à abolir. Notons quand même que dans le film, Cliff ne travaille plus à cause de son crime, donc il n'est pas non plus mis en scène comme quelque chose d'accepté par les autres personnages, bien que je puisse comprendre qu'on soit gêné par le fait de nous faire ressentir de l'affection envers quelqu'un qui a tué sa femme.


"DiCaprio joue un acteur sur le déclin qui ne joue dans ses films que des gros macho passant leur son temps à tirer sur tout ce qui bouge, au revolver ou au lance-flamme (quel homme !). Le personnage de Brad Pitt est quant à lui violent dans la vraie vie, notamment en tabassant du hippie."


Effectivement, ces personnages sont deux bourrins. Cela dit, DiCaprio joue un acteur jouant des rôles de bourrins, ce qui est normal au vu de l'époque. Si on voulait se branler intellectuellement, on pourrait même dire que Tarantino dénonce la sur-masculinisation des hommes à l'époque dans les films. Mais nous nous égarons. Rick Dalton est donc un acteur qui joue des bourrins oui, mais que l'on voit la plupart du temps être perdu et pleurer. D'ailleurs, dès le début du film, il pleure, puis se saoule la gueule seul, puis explose de colère lorsqu'il oublie son texte, puis déprime devant une gamine, puis chiale car cette même gamine lui a dit qu'il avait incroyablement joué. Et certes, tirer au lance-flamme sur des nazis c'est grave viril et badass, mais si je me souviens bien, dans cette scène, Rick Dalton ne fait pas sa chochotte en se plaignant que le lance-flamme est trop chaud ?
Le personnage de Cliff, lui, joué par Brad Pitt, est bien différent. Il est un vrai dur cascadeur, est baraqué comme tout, et est bricoleur. C'est le cliché du mâle bien solide, mais il est profondément amical et bienveillant envers Rick, et n'hésite pas à se mettre de côté pour faire briller son pote. Et quand un hippie lui crève sa roue de bagnole, il lui casse la gueule oui, c'est un bourrin, mais c'est un personnage, et c'est sur ce trait de son caractère que repose beaucoup de scènes comiques.
J'ajouterai quand même que les deux personnages, même si on s'attache à eux, nous sont quand même présentés comme des gens tristes, un brin simplet, et dépassé par le monde qui les entoure. En aucun cas Tarantino nous les présente comme les intelligents de la bande, donc je ne vois pas comment on peut dire que le réalisateur désigne ces comportements comme les bons à adopter.


"Il faut dire que le duo passe son temps à cracher sur le mouvement hippie, une attitude qui résonne drôlement en 2019 où les militant.e.s écologistes doivent encore supporter pas mal d’insultes également et que le film nous place du côté des gens qui insultent, les vrais (anti-)héros de l’histoire, tellement attachants."


Alors ça, c'est splendide. Ces pauvres petits hippie que l'on voit se faire massacrer, ce ne sont pas des babas-cool tranquille qui fument des joints en trayant des chèvres. Ce sont les membres d'une secte, guidé par Charles Manson, et il nous fait comprendre que parmi eux se trouvent ceux qui tueront Sharon Tate. Tarantino les fait souffrir comme il fait tuer Hitler et Goebbels dans Inglorious Basterds; il fait souffrir les méchants qui ont une fin trop heureuse dans la vraie vie. Enfin bon, prendre la défense de la secte Manson en les comparant au mouvement écolo d'aujourd'hui, fallait le faire quand même.


"Dans le film de Tarantino, les Italiens sont des " Ritals " , on ne " pleure pas devant les Mexicains " (pourquoi pas ?), et Polanski est un réalisateur polonais qui a beaucoup d’amis polonais (vous avez compris qu’il était polonais ou il faut encore préciser à quel point il est polonais ?)."


Oui, les Italiens sont des ritals. A la base, le terme était une insulte oui, au même titre que les appeler les macaronis. Mais les Italiens ont tellement émigré en France ou aux Etats-Unis, que le terme n'est devenu plus qu'un terme familier pour les désigner, et non plus une insulte. Appeler un italien "Rital", est aussi raciste qu'appeler un américain "Ricain". Ce n'est pas raciste.
Pour en venir à la fameuse réplique "Pleure pas devant les mexicains", je trouve que la critiquer est assez fascinant aussi. C'est malheureux de devoir le préciser, mais c'est de l'humour, et la réplique est drôle de par son racisme infondé, et absurde. Je suis sûr que si la réplique avait été "pleure pas devant les français", cela aurait été plus vu comme une vieille croyance de malheur plutôt que comme du racisme. Comme quoi, on interprète les choses comme on veut.
Et pour ce qui est de Polanski, alors là on bat tous les records. Alors au risque de décevoir l'auteur de cet article, Polanski est vraiment polonais oui. Il a grandi en Pologne, et possède donc dans son entourage, un certain nombre d'amis polonais, avec qui il entretient encore des relations. Alors oui, on précise qu'il est polonais, et c'est normal. La Pologne est un petit pays qui avait extrêmement souffert il y avait à peine vingt ans de cela à l'époque ou se déroule l'histoire; alors un petit polonais qui débarque à Hollywood, devient l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération, ça marque, et d'autant plus quand c'est un immigré, et pas quelqu'un né dans ce milieu. Donc non, ça ne peut pas être considéré comme du racisme que de préciser l'origine d'un immigré.


"Que dire du personnage de Bruce Lee, caricaturé à l’extrême et qui sert à lui tout seul de ressort comique. C’est bien simple : dès qu’il ouvre la bouche, la salle est pliée de rire. Il finira à terre, vaincu par l’homme blanc."


Apparemment, cette scène avec Bruce Lee pose des problèmes à bon nombres de gens. Pour avoir vu énormément d'interview de l'acteur, non, le personnage de Bruce Lee n'est pas tant caricatural que ça, et ce n'est pas du racisme que de le faire parler avec l'accent chinois, car il en avait un, vu qu'il était chinois. Logique, non ?
Et oui, Cliff, l'homme blanc, le bat. Attendez, mais après ce combat, Tarantino ne nous met pas un plan de Cliff qui rêvassait ? Que l'on retrouve sur son toit là où on l'avait quitté ? Ah merde, donc il le bat pas vraiment. Donc encore un point de la critique non recevable.


"Dans une longue scène dont le seul but doit être de nous faire dire " Quel homme ! ", Cliff Booth (Brad Pitt) met encore de la nourriture sous le nez de son chien mais le menace s’il ose vouloir manger."


Je n'ai rien à ajouter. Quand dans une critique de film, on reproche au metteur en scène d'avoir fait un personnage avec un chien obéissant, je pense que ça a plus de force en y laissant tel quel sans rien ajouter.


Enfin bref, l'article continue sur des accusations totales sur Tarantino, qui peut être sont fondées, mais n'ont rien à voir avec le film. Tout ça pour dire que ce film peut-être pleins de choses, mais je refuse d'entendre qu'il est sexiste, raciste ou quoique ce soit.
Que des gens veulent passer leur vie à chercher des emmerdes là ou il n'y en a pas, soit. Mais s'il vous plait, laissez tranquille l'art, et arrêtez d'imposer vos conneries qui n'ont aucun sens à tout le monde.

LucasBARAN
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le 22 août 2019

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