Dans la vraie vie Sharon Tate a été sauvagement assassinée par une partie des membres de le Manson Family le 9 août 1969.
Dans la vraie vie cet événement majeur va bouleverser l'Amérique et faire basculer Hollywood dans une nouvelle ère. La fin de l'insouciance. Le début des questions existentielles. La naissance du 'Nouvel Hollywood'.
Dans la vraie vie, les gentils hippies de 1967 sont devenus de dangereux meurtriers drogués et armés en 1969.
Dans la vraie vie, Rick Dalton et Cliff Booth n'existent pas.
Dans Once Upon a Time... In Hollywood tout ça n'est pas forcément vrai.
Tarantino s'inspire librement de faits réels pour réécrire une histoire de la mythologie hollywoodienne.
Il donne alors la belle part à Rick Dalton – star déclinante d'une série télévisée de western – et Cliff Booth – sa doublure de toujours. Ceux-ci assistent à la métamorphose artistique d'un Hollywood qu'ils ne reconnaissent plus du tout et essayent tant bien que mal de relancer leurs carrières.
Ces deux compères sont l'uchronie.
Ils sont le petit grain de sable tarantinesque qui va faire gripper la grande histoire hollywoodienne.
Tarantino les incruste dans toutes les couches de film.
Au contact de la Manson Family dans le Spahn Movie Ranch. Cliff Booth va y faire un passage remarqué. Un passage structurant.
Dans The Great Escape où Rick Dalton se rêve acteur principal en lieu et place d'un Steve McQueen purement et simplement supprimé de la pellicule.
Via ces deux personnages, Tarantino rend hommage à tout un pan disparu de l'histoire d'Hollywood.
Des acteurs de seconde zone ayant, à un moment de leur carrière, été star du petit écran.
Ils les utilisent pour recréer un récit, pour alimenter une nouvelle fable, pour nous raconter une nouvelle histoire d'Hollywood.
Once Upon a Time....
C'est mélancolique à souhait, c'est (comme d'habitude chez Tarantino) bourré de références, d'autoréférencements et d'influences diverses.
Le monde de Tarantino, un monde en soi, un univers.
Dans chaque recoin de l'image, dans chaque plan, on sent une passion amoureuse pour les personnages, le film et le cinéma en général.
C'est soigné, c'est riche, c'est généreux, c'est complexe, c'est vaste, c'est magistral, c'est gourmand, c'est croquant.
Une lettre d'amour à un Hollywood aujourd'hui disparu et que Tarantino réhabilite quitte à réécrire l'histoire et, au passage, à se farcir quelques hippies drogués, mal intentionnés et qui, reconnaissons-le, auront tout fait basculés.
Touche pas à mon Hollywood !
Un chef d'oeuvre.