Le soleil Californien, les chemises Hawaïennes, les décapotables, les vieux cinémas, des hippies un peu trop gentils, une date clé dans l'histoire de l'Amérique. Bienvenue dans l'industrie du septième art, bienvenue dans « Once Upon A Time In Hollywood ». Alors que Quentin Tarantino filmera avec nostalgie, Leonardo DiCaprio et Brad Pitt seront vos hôte et vous emmèneront pour une longue ballade privée que vous n’êtes pas prêt d’oublier.
Un Tarantino inhabituel
De nos jours, le film qui te donnait envie d’enrichir ta culture cinématographique, c’est bien « Once Upon A Time In Hollywood ». Je n’étais pas prêt, mon cœur n’était pas prêt, mon âme de cinéphile non plus. Il m’aura fallut attendre une bonne petite semaine pour voir ce nouveau Tarantino. Ce film allait-il provoqué en moi les mêmes sensations que bon nombre de spectateurs ? Tant d’éloges au point d’éveiller une surexcitation à l’idée de le voir tout en émettant quelques réserves. Sans doute la peur d’être déçu, la peur de ne pas apprécier le film à sa juste valeur. Le suspense était à son comble. Déjà on partait bien : DiCaprio et Brad Pitt réunis en un film parlant entre autre de potes ou « bromance », c’est digne de la surprise que fût celle du casting de la trilogie « Expendables ».
Pas de super héros, pas de batailles dans l’espace, pas de fonds vert, pas de CGI, pas d’acteur bodybuildé, ce film illustre le cinéma et les séries TV à l’ancienne, à l’époque où les séquences d’action intégraient des cascadeurs ne se faisant pas remplacer par des êtres numérique, où les véhicules en prenaient plein le pare-choc, où une star mâchant un chewing-gum, c’était la classe. La projection en vaut sincèrement la chandelle.
Dans Once Upon A Time In Hollywood, vous accompagnerez non pas un personnage mais trois personnages dont vous suivrez le quotidien:
• Rick Dalton, comédien à fleur de peau, exécrable, alcoolique, en constante analyse de lui-même, interprété par un bouleversant Leonardo DiCaprio. Rick, où qu’il aille, nous le suivrons partout, assisterons à ses moments de colères, de doutes, de réflexions, de joies, de peines, de désespoir, d’espoir, et verrons sa carapace se briser lors d’une scène culte.
• Cliff Booth, la doublure cascade de Rick, son ami sa bouée de sauvetage, son chauffeur et homme à tout faire. Cliff pourrait bien être la seule personne capable de comprendre ce que son ami traverse. En effet, depuis qu’il a eu un différend avec un professionnel, Cliff a perdu son emploi de cascadeur à plein temps et se repose sur son job d’homme à tout faire. Contrairement à Rick, Cliff garde le sourire et donne le peu d’énergie qu’il a à son pote, son frère. Pourtant, lui qui vit près d’un cinéma en plein air dans une caravane en piteux état en compagnie de sa chienne Brandy aurait toutes les raison de sombrer. Pour enfoncer le clou, voila qu’il fait la rencontre de Pussycats, jeune hippie souhaitant rentrée chez elle au ranch Spahn. Le ranch Spahn, l'année 1969? Vous voyez la portée dramatique et terrifiante? Tarantino va bien s'amuser avec Cliff.
• Sharon Tate, jeune actrice joyeuse, pure et insouciante. Margot Robbie présente juste pour les yeux ? Non. Lentement mais surement, sans jamais interférer de façon directe entre Rick et Cliff, elle prépare le contexte de notre histoire.
A vous ne portant pas dans votre cœur les œuvres de Quentin Tarantino et à vous grands fans du cinéaste, quelque soit votre camp, vous allez être quelque peu dérouté. Son nouveau long métrage surprend sur bien des points. Du pur hommage, une lettre d’amour sincère et presque poignante faite au septième art truffé de références que les connaisseurs remarqueront sans trop de problèmes. A mi chemin entre curiosité et émerveillement, nous voila découvrir, ou redécouvrir pour les plus jeunes le Hollywood d’antan.
Absence de folie, d’humour déjanté, de violence, de punchlines très piquantes, de thème sur la vengeance, de révision historique, et de film coupé par chapitres à reconstituer soi-même. C’est quoi ce délire ? Son casting dantesque truffé de caméos qui en réjouiront plus d’un, plein de références au cinéma des sixties, une reconstitution des décors, costumes et véhicules d’époque, la création de fausses campagnes marketing accompagnant la filmographie de son acteur principal, une balade en voiture dans un vieux Los Angeles, tout ça serait-il le lot de consolation ? Exceptionnellement et pour la première fois de sa carrière, Tarantino à l'âge de 56 ans prend la décision de ne pas nous faire du Tarantino.
Le réalisateur change sa manière de raconter et concevoir son film. Le pire c’est que cette prise de risques pouvant lui couter très cher, elle marche. Once Upon A Time In Hollywood, c'est du film mélancolique parlant du temps qui passe, du caractère éphémère des choses. Nos biens matériels, la santé, notre physique, la famille, les amis, le travail, l’entourage, la mode, qu’importe, tout est un jour amené à prendre se renouveler et se conclure. La différence dans le monde du cinéma et séries télévisée c’est qu’eux sont éternels. Support physique ou numérique, les copies sont nombreuses, il restera toujours une trace.
Once upon a time in Hollywood serait-il le premier film où le fan hardcore de Tarantino se rend compte que le temps a passé et que son cinéaste préféré a changé, c’est assagi avec l’âge ? Cette fixation sur les pieds féminins, la manière de mettre en valeur décors et personnages que ce soit à pieds (ENCORE ! Mais qu’est ce que c’est que ces histoires de pieds ?!) ou en voiture, le travail sur le bande originale d’époque, soyez assuré de retrouver ses petites choses qui ont fait le charme et la renommée du réalisateur osant jouer dans l’autodérision lors de ses scènes de fausses productions.
Hey ?! T’es une bête Rick Dalton. Oublies jamais ça.
La fin d’une époque, le début d’une nouvelle
On ne va pas mentir sur le matériau, Once Upon A Time In Hollywood, en tout cas au début, est lent et à l’exception de Cliff, pas de réelles péripéties de prévues. De nuit, de jour, les balades dans les rues de Los Angeles, le neuvième long métrage de Tarantino se la joue carte postale qu'on contemple en se remémorant le bon vieux temps. Blabla de stars et tout le jargon du milieu, visite des coulisses de tournage d’une série Tv de Western et du vieux L.A, un acteur en pleine remise en question, c’est bien beau de m’en mettre plein la vue mais et l’histoire ? Logique que deux heures plus tard, on se demande si vraiment où veut en venir Once Upon A Time In Hollywood et s’il possède un scénario autre que ce parallèle plutôt sympathique entre actrice en pleine gloire et acteur perfectionniste en plein déclin.
La hippie prise en auto-stop par Cliff, le couple Sharon Tate/Roman Polanski emménageant juste à coté de la maison de Rick, plus on avance dans l’intrigue, plus tout prend un sens au point de découvrir avec stupéfaction que Once Upon A Time In Hollywood cachait l’enjeu de son histoire en toile de fond. Mais vraiment TOUT au fond. Malin, Tarantino veut qu’on joue les journalistes avant ou après avoir vu son film histoire de saisir tout son génie.
Vous vous souvenez des dernières minutes d’Inglorious Basterds où faits réels historiques se mêlaient à fiction ? Une réalité alternative digne d’un film de science fiction. On est en plein dedans sauf que c’est un petit plus « soft ». Doit on en conclure qu’avant d'allé voir le film, il faut veiller à nous documenter un minimum sur Sharon Tate et Charles Manson ? C'est en partie sur l'histoire de ces deux personnages que repose toute la tension dramatique et l’enjeu de ce film.
Vous, amateurs de castagnes et autres Bad Asseries, allez voir du coté de la doublure de Rick Dalton, vous aurez votre dose de fun. Séducteur, beau gosse au look et à la démarche cool, ami loyal, pro en bricolage, cascadeur de métier, expert en répartie et mec Bad Ass dont le cœur n’a d’yeux que pour son chien bien dressé, tout ça en un homme : Cliff Booth. Le John Wick des sixties ?
Avec le retour logique de Jean-Pierre Michaël en temps que doubleur vocal Français doublant également Keanu Reeves, c’est à se demander si ce n’était pas fait exprès. Jamais de toute sa carrière Brad Pitt n’avait été si Bad Ass et charismatique. Croyez le ou non, mieux vaut ne pas s’y frotter ou le provoquer. Le grand Bruce Lee a essayé et regardez le résultat (mention au sosie). Une séquence que le fan du petit dragon que je suis à trouvé culottée mais énorme. Qu’on le dise à ceux réclamant scènes de tension et baston, vous les retrouverez en compagnie de ce bon vieux Cliff. Le meilleur de Once Upon A Time In Hollywood vient surtout des scènes avec Brad Pitt incarnant à lui seul l’âme des films de Tarantino.
Quelques regrets empêchent pourtant ce film d’atteindre la perfection : l’apparition quasi anecdotique de Charles Manson, l’amitié Rick/Cliff légèrement sous exploitée, des moments creux manquant de dynamisme et d’intérêt. Heureusement, la dernière partie d’une durée de trois bons quarts d’heure mettra tout le monde d’accord sur la raison pour laquelle ce film est à voir. Ce petit filou de Tarantino avait bien caché ses cartes et revient en mode « Tarantinesque ». A 45 minutes de la fin de son film, voila qu’il surprend de nouveau en changeant la narration de son film. Des airs de narration à la « Big Lebowski » en plus d’un retour de violence et de folie? Oh je suis fan.
-Quelle merde ! Ouai non là c'est trop chaud. Y a rien à faire contre cette chaleur?
-Rick, c'est un lance-flamme.
Au final, 2h40 plus tard, je ressors bouleversé de la projection de Once Upon A Time In Hollywood. Un régal pour les yeux, un régal pour les oreilles, un régal pour l'âme du cinéphile et sériephile. Sa musique, sa photographie, son coté mélancolique crépusculaire, sa bande originale, son duo Dicaprio/Pitt attachant, sa Margot Robbie sublime à chaque plan, sa manière d’illustrer le Hollywood de la fin des sixties, ce nouveau Tarantino exerce un pouvoir hypnotique, une envie de découvrir ou redécouvrir les vieux films et séries Hollywoodiennes par qui tout a comm