- Los Angeles. Rick Dalton est une star du petit écran. Lunatique et quelque peu alcoolique, il a pour principal confident son chauffeur, Cliff Booth, qui est aussi son cascadeur. Tous deux tentent de poursuivre leurs rêves de carrières hollywoodiennes. En parallèle, Sharon Tate et son célèbre mari Roman Polanski viennent s’installer dans la maison voisine de Rick Dalton sur les hauteurs d’un Hollywood changeant.
Un film du genre
Quatre années après son essai western - Les Huit salopards - Tarantino nous surprend cette fois-ci avec un registre (à peine) différent. Sur fond de fait divers, il mêle fiction et réalité dans ce nouveau long-métrage ; le tout mélangé à la sauce Tarantino of course. Dans les faits, la femme de Polanski, qui était enceinte au moment du drame, fut assassinée par les membres d’une secte dont le commanditaire n’était autre que Charles Manson, le célèbre gourou reconnu coupable pour assassinats.
On reconnaît la patte du maître. Plans séquences, inserts de type « gros plans », cadrage de dos des acteurs, travellings lents... dès les premières minutes du film, le spectateur est immédiatement immergé dans les années 60 au cœur d’un univers fleuri, coloré et d’une culture pop.
Un scénario maîtrisé
Tarantino pose le cadre et prend son temps. Par des alternances de passages purement narratifs et d’autres de fiction inclusive, Tarantino joue avec une perpétuelle mise en abîme (la séquence d’un film dans lequel Rick Dalton joue un western, ou bien la séquence d’un film vue au cinéma par Sharon Tate en personne). Le spectateur patiente, se satisfait de ces images édulcorées puis attend que le moment fatidique arrive. Il s’agit de ce moment tant attendu lorsqu’on connaît l’écriture scénaristique de Tarantino. Ce moment où l’on est conscient que la situation va déraper. Et ce n’est qu’à la fin, après plusieurs passages emplis de doutes, que l’apothéose vient. À cet instant, Tarantino lâche les chevaux (enfin le chien plutôt - Brandy, une superbe Pitbull - cette dernière a d’ailleurs obtenu la Palm Dog Wamiz au dernier Festival de Cannes). Cette scène finale vaut le coup de patienter. On en a pour son argent : du sang, des cris, du gore - le maître derrière sa caméra est bien en place. Les hippies en prennent clairement pour leur grade et cela n’est pas pour nous déplaire.
Des acteurs exemplaires
Concernant les têtes d’affiches, le choix de DiCaprio/Pitt/Robbie n’est pas une mauvaise surprise sauf que le film réunit exclusivement un duo (DiCaprio/Pitt) tandis que Robbie semble seule et loin de tout. On se demande même quelle est précisément sa fonction dans le film. Elle est insignifiante, lisse et sans saveur. Tarantino n’aurait-il pas voulu piéger le spectateur en évoquant l’apparition de Sharon Tate alors que la fin de l’histoire est tout autre à la réalité ? Ou bien on peut aussi se dire que Tarantino a simplement eu l’envie de détourner l’histoire originale pour en faire une pure fiction avec des acteurs ayant réellement existé. Le but était peut-être d’apporter un maximum de réalité et pour cela, qui de mieux que des acteurs pour jouer de véritables starlettes ? Physiquement, Brad Pitt semble avoir rajeuni - on dirait presque le même qu'en 1991 lorsqu'il tourna Thelma & Louise. DiCaprio est parfait (comme toujours). Les seconds rôles quant à eux se défendent bien : Al Pacino, feu Luke Perry, Kurt Russell, Dakota Fanning, Damian Lewis ou encore Emile Hirsch ont des petits rôles mais leur passage à l’écran est millimétré (comme la pellicule cinématographique).
Une musique et des décors adaptés
La BO est impeccable (comme habituellement). On a envie de danser aux côtés de Robbie et de conduire la bagnole de DiCaprio sur ces airs envoûtants. On ressent la liberté, le mouvement cool et libéré de l’époque à plein nez grâce à Los Bravos, Simon & Garfunkel, Deep Purple, Springfield et bien d’autres de l’époque. Les décors sont parfaits. On y croit, on y est. Les costumes également donnent envie de ressortir les tenues de nos grands-mères.
Un 9e film qui dit "Je t'aime" à Hollywood
C’est clairement une ode au cinéma que Tarantino a souhaité réaliser ici. On ressent l’influence de certains films mythiques tels qu’Easy Rider, La Grande Evasion, la série Au nom de la loi… et une certaine nostalgie du réalisateur pour une époque que beaucoup auraient aimé vivre.
Once Upon A Time In… Hollywood n’est pas un chef d’œuvre, avouons-le. Ce n’est pas non plus le meilleur film du réalisateur. Mais c’est un film plutôt divertissant et assez bien rythmé malgré sa durée qui aurait pu être raccourcie. Quentin, à quand le 10e film ? (ndlr : Le réalisateur a maintes fois indiqué qu’il s’arrêterait après avoir mis en scène 10 longs-métrages).
Chloë Hugonnenc