Cinéphile enragé, Tarantino s'attaque à la reconstitution minutieuse de la fin du vieil Hollywood à travers les regards d'un acteur sur le déclin et de son cascadeur, tous deux fictifs. Il était une fois à Hollywood, ou quand la fiction se mêle à la réalité.
Once Upon a Time ... in Hollywood s'annonçait comme une réminiscence des meilleurs moments de la filmographie de Quentin Tarantino, Pulp Fiction pour le cadre et le duo notamment. Sauf que si le metteur en scène fait souvent écho à son propre cinéma, sans tomber dans la mégalomanie, il s'attache beaucoup aussi à rendre hommage à tout un pan de l'industrie telle qu'elle était à la fin des années soixante. Rick Dalton et Cliff Booth ne sont ni des vieux singes rompus à la tâche ni des figures emblématiques, Tarantino comme souvent filme des anti-héros plutôt que des héros, d'ailleurs les héros semblent l'ennuyer. Bien entendu Sharon Tate ici jouée par Margot Robbie incarne le glamour et la candeur, une dimension que le réalisateur exploite parfaitement tout en jouant sur le sentiment de malaise qui s'insinue au fur et à mesure que le long-métrage avance et que le ventre de Tate s'arrondi.
Dans la mesure où le réalisateur filme une époque, plus qu'un simple milieu en fin de compte, on s'attend à y voir du vrai, du tangible, donc de l'horreur dans le cas présent. Sauf qu'ici comme dans Inglourious Basterds la fiction se mêle à la réalité et le réalisateur, qui depuis deux heures laisse traîner ça et là quelques indices, s'amuse à prendre à revers l'un des plus sordide fait divers d'Hollywood. De l'horreur il y en aura, mais elle sera surprenante, folle et irrévérencieuse. Tarantino s'amuse et rend hommage, il idéalise une époque qu'il affectionne particulièrement et cela se sent. C'est assez étrange à dire mais dans le fond ce qui ressort de ce long-métrage, c'est l'amour et la tendresse que le réalisateur porte à son sujet et ses personnages. Non pas des stars mais de simples acteurs qui courent après un semblant de gloire. A cela il faut évidemment ajouter les prestations sans faille de Margot Robbie, lumineuse et candide en Sharon Tate, ainsi qu'évidemment Dicaprio, parfait en acteur au bout du rouleau. Tous sont excellents et possèdent dans leurs compositions une certaine humilité à la fois à l'égard du sujet et de l'époque qu'ils mettent en scène. Celui qui contre toute attente s'en sort le mieux, et c'est bien entendu plus que relatif, c'est Brad Pitt. Drôle, cynique, imprévisible et incroyablement juste, il y a longtemps que l'acteur n'avait pas donné autant de prestance à un personnage. A l'instar d'un Samuel L.Jackson, d'un John Travolta ou bien encore d'une Uma Thurman, Pitt s'impose rapidement comme un personnage aussi singulier que culte.
Fort de sa mise en scène qu'on ne présente plus, de son sujet passionnant et brûlant, Tarantino signe ici un film en état de grâce, dans lequel histoire, fiction et acteurs légendaires forment un cocktail détonnant et Ô combien savoureux. Grand film !