Pour faire dans l'originalité, on va parler du seul film intéressant de l'été, vu le 15 août qui plus est … J'ai nommé Once upon a time in Hollywood de Quentin Tarantino.
On suit les déboires de Rick Dalton (DiCaprio) , un acteur sur le déclin et son cascadeur Cliff Booth (Pitt) dans les rues du Los Angeles de la fin des années 60 . Le film s'articule autour du véritable assassinat de l'actrice Sharon Tate, épouse du réalisateur Roman Polanski, et de plusieurs de ses amis.
C'est clairement le film le moins « grand public » du réalisateur. Non pas qu'il soit plus violent que ses prédécesseurs, bien au contraire, mais c'est une œuvre faite par un cinéphile pour les cinéphiles.
Pas la peine de s'attarder sur la technique : C'est juste parfait de bout en bout. A l'image d'un Wes Anderson, c'est parfois presque « trop parfait », l’érection oculaire est continue.
Multipliant les clins d’œil, c'est un film lent, dans le bon sens du terme, qui prend le temps d'installer une ambiance et de progressivement reconstituer l’entièreté d'une époque, bien au delà d'un simple divertissement, c'est vraiment l'aboutissement du travail d'un véritable amoureux du cinéma, tour un tour un hommage, une parodie, un pastiche, un regard objectif sur les coulisse d'une industrie en plein changement et une réécriture historique jouissive.
De nombreuses bribes de films ou flashbacks viennent se glisser au milieu d'une scène. La plus flagrante, l'incruste dans La Grande Évasion, rajoutée depuis la version Cannoise, est bluffante... une maîtrise si forte, si perceptible, c'est juste beau. Les décors à tomber peuvent en témoigner. Un Making Of ou un documentaire qui montrera les coulisses du tournage emplirait d'ailleurs mon petit cœur de joie.
Le film regorge d'extraits de faux films s’inspirant de styles ou d'époques particulières, on se dit : "Voila ! C'est CA !!". La justesse d'un plan, ou simplement de la caméra, le mouvement, le bruit de péloche, le grain, les peluches, les cuts, le montage millimétrés, le tout capté par cette pellicule tremblotante délivrant ce léger grain délicieux, c'est CA ! Cette maîtrise du cadre, plus Westernien que certains véritables westerns … la scène du ranch... la scène du ranch bordel !
Là encore, la performance de faire de mauvaises images comme dans n'importe quelle faible production des années 70 est juste incroyable... Tout comme l'est la prestation de DiCaprio dans la peau d'un acteur en dent de scie, pouvant être aussi ridicule qu’éblouissant.
Tarantino assouvit encore sa folie sanglante au travers d'une scène sur la haute sphère des moments exaltant du cinéma. Un monument de bonheur total suivi d'une scène finale pleine d'espoir. Jouer autant avec les styles, implanter un sentiment ambivalent ultime et faire vivre aussi incroyablement des personnages fictifs entourés d'une pléiade de noms réels, c'est... de l'art cinématographique rare.
Je n'ai toujours pas compris pourquoi d'autres réalisateurs n'avaient pas emboîté le pas à Tarantino en utilisant le cinéma pour réécrire l'histoire, c'est une facette géniale et pourtant quasiment pas exploitée du 7eme art... Comme il l'avait déjà fait avec le très jouissif inglorious basterds (qui débutait par un sobre « Once upon a time in a Nazi-occupied France » ) Tarantino reprend ici le même procédé : Raconter une histoire parallèle à un fait historique jusqu'au moments ou ses protagonistes viennent mettre leur grain de sel dans le véritable court des choses..
Avant de tirer sa révérence avec un dixième film en guise d'épilogue à sa filmographie, le réalisateur nous livre ici son film le plus total, le plus passionné, le plus Tarantino de tous.