Au cœur d'une décennie qui n'avait pas encore tout à fait formulé les caractéristiques du genre tel qu'on le connaît aujourd'hui, "Uncle Silas" s'aventure sur les terres encore relativement vierges du cinéma d'horreur en proposant des pistes qui seront largement reprises dans les années 60. L'histoire d'une jeune fille de 17 ans dans l'Angleterre victorienne de 1845, dont le père mourant, et accessoirement très fortuné, demande dans son testament qu'elle soit confiée à sa mort à son oncle Silas. Une fois sur place, la jeune Caroline découvrira peu à peu les intentions peu avouables de son oncle et ses manigances pour s'approprier sa fortune livrée en héritage.


L'absence de maturité du point de vue du genre, qu'on aurait d'ailleurs du mal à qualifier d'horrifique à proprement parler, se ressent principalement dans la première partie du film et la longue description de la situation initiale. L'ensemble met beaucoup de temps à se mettre en place, et le rythme global est parfois un peu bancal avant de trouver une certaine stabilité dans sa dernière partie, orientée vers un climax bien négocié. Quelques moments charnières, aussi, sont quelque peu bâclés : la réputation de l'oncle, peu glorieuse (suspecté de meurtre quoique blanchi), sera balayée du revers de la main par le père sans vraiment qu'il ne s'en soucie. Quelques rivalités masculines, aussi, ne brillent pas particulièrement par leur fluidité de mise en scène ou leur subtilité d'écriture.


Mais dans la construction de la tension du côté de chez Silas, le film dispose de bons arguments. Que ce soit dans le plan machiavélique de l'oncle et dans sa façon de ne pas s'exécuter tout à fait comme prévu ou plus généralement dans tout le graphisme gothique des décors, l'ambiance malsaine diffuse doucement son malaise. La gouvernante française (ou supposée comme tel, avec ses "r" démesurément roulés) devient un personnage maléfique vraiment inquiétant, et c'est surtout l'atmosphère sinistre de l'aile condamnée dans laquelle elle est recluse qui confère au film cette dimension horrifique.

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le 20 janv. 2019

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Morrinson

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