Ne pas faire de jeux de mots... ne pas faire de jeux de mots

Ondine c'est clairement le genre de film duquel je n'attends rien, qui sort un peu de nulle part et qui propose quelque chose d'assez inattendu. En fait ce qui aurait pu être une romance assez banale, avec une fille récemment larguée qui essaye de se reconstruire avec un nouvel homme prend immédiatement une tournure beaucoup plus intéressante en axant de nombreuses scènes du film sur l'urbanisme.


Aussi étrange et surprenant que ça puisse paraître l'héroïne est conférencière en urbanisme et là où n'importe quel film aurait passé sous silence les conférences, Petzold fait en sorte de les rendre intéressantes et en montre de larges bouts. Et donc sur ce film qui dure moins d'une heure trente on a quasiment un tiers qui est composé de propos sur l'agencement de la ville de Berlin... Moi je suis aux anges.


Je ne sais pas s'il y a un parallèle à faire entre l'histoire d'Ondine et la ville de Berlin, en tous cas s'il y en a un je ne le vois pas, mais qu'est ce que je peux aimer lorsqu'on traite correctement du métier d'un personnage. Ici ce n'est pas juste en toile de fond. Elle est conférencière, le réalisateur nous la montre en train de faire des conférences.


Et puis à côté de tous les propos sur Berlin il y a l'aspect fantastique du film qui a l'intelligence de ne pas prendre trop de place et de savoir rester mystérieux. Encore une fois, dans un scénario classique on aurait eu un personnage qui vient expliquer clairement et simplement tout l'aspect mythologique autour d'Ondine. Alors qu'on voit bien qu'on n'en a pas besoin. On comprend très bien sans et surtout ça laisse des éléments en suspens. On n'est pas obligé d'être pris pour des cons.


Le mariage entre le côté très réaliste du métier d'Ondine et le fantastique prend plutôt bien, surtout qu'il est d'abord distillé par petites touches le rendant de plus en plus acceptable dans cet univers.


En outre je trouve qu'il y a vraiment de belles scènes, notamment celle de l'affiche, où Ondine dans les bras de son nouveau mec se retourne un instant pour observer son ex passer dans la rue... ou même la toute fin du film. En somme Petzold rend son film tour à tour captivant, intriguant et émouvant, il est court, mais il n'a rien besoin de plus et c'est assez poétique pour valoir le détour.

Moizi
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le 10 janv. 2021

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