Beaucoup de films basés sur des Anime à succès sont pointés du doigt -à juste titre- pour n'inventer qu'une intrigue grossière et hors sujet par rapport au manga principal (les fameux "fillers"). Les deux films One Piece que nous utiliserons comme exemple, Z et Strong World, ne font pas partie de ce cas de figure.
Toutefois, cette dernière réalisation souffre encore de plusieurs défauts, malgré un progrès appréciable.
Commençons par la pierre angulaire de One Piece, son background. Pour les gros païens qui ignoreraient encore cet incroyable manga, il faut savoir que la série ne se distingue pas tant par ses retournements de situation ou ses héros calculateurs (Luffy calculateur... hum), mais par l'incomparable richesse de l'univers développé par Eichiro Oda.
De ce point de vue, Z est supérieur à ses prédécesseurs puisqu'il introduit un personnage qui s'intègre bien dans le scénario (un ancien amiral), être désabusé et brutal, une Néo-Marine qui aurait fait sécession avec le gouvernement mondial pour des raisons idéologiques, le Dynaroc, la présence d'Aokiji, les Ent point… et toute une série d'éléments plutôt bien trouvés. On voyage d'île en île au cours du long-métrage, ce qui est l'essence même de One Piece, et la variété de décors est un excellent point.
De plus, il est astucieux -pour une fois- de centrer l'intrigue sur un méchant, un antagoniste à la fois radical et égoïste, bien qu'en même temps humain dans ses motivations. Cependant, le personnage aurait mérité un développement plus approfondi; il se résume lui-même à un être bourrin et traqueur de pirates (ne se souciant pas de savoir si il va zigouiller des milliers d'innocents) et c'est seulement de la bouche de Garp que l'on découvre la crédibilité de Z.
Il n'en reste pas moins que One Piece, dans sa globalité, est empreint d'un grand classicisme. Dans bon nombre d'arcs, si le méchant a une organisation, c'est pas compliqué. Les bastons s'organisent ainsi:
Luffy VS le gros méchant
Zorro (le numéro 2 en puissance des mugiwara) VS (le sbire du méchant n°2 en puissance)
Sanji (le numéro 3 en puissance des mugiwara) VS (le sbire du méchant n°3 en puissance)
(On a par ailleurs l'impression que, depuis Strong World, il faut un guignol syndical dans l'équipage du méchant, c'est assez lourd à constater)
Ainsi, Z ne déroge pas à cette règle du "chacun marque son joueur", comme au handball. En outre, l'acte final souffre avec stupeur de moments complètement dépourvus de musique, pourtant indispensable pour rythmer des altercations et bastons de manga ! On a à peine le droit à quelques "gomu gomu" de Luffy, et un combat de fin à la Stallone avec une collection de subtils "gros poings dans ta gueule". Heureusement que les toutes dernières scènes relèvent le niveau, et évitent une conclusion abrutissante.
Enfin, un élément incohérent suscite l'incompréhension: le bras bionique de Z -le Battle Smasher- est supposé fait en granit marin, qui mettrai donc K.O n'importe quel utilisateur du fruit du démon dès qu'il le toucherait. Or, au cours du film, Luffy le cogne de toutes ses forces sans que cela ne le gêne outre mesure.
Au sujet de la modélisation en 3D, certains passages y trouvent un surplus de dynamisme (ex: le combat final entre Zorro et la lieutenante de Z), comme d'autres d'une incrustation ratée (ex: Luffy à l'avant du Sunny). Ceci dit l'animation est fluide, les décors soignés et le character design n'a rien à envier au manga. De plus, puisqu'il faut une identité vestimentaire à chaque film OP, les Mugiwara endossent ici les costumes de pirates des Antilles du XVIIème siècle; après la panoplie de Yakuza dans Strong World. Le côté déjanté et loufoque est de cette façon toujours présent.
Côté doublages, les voix françaises sont correctes dans l'ensemble, à l'exception de gros écueils (la voix de Kizaru par exemple, atroce). Et puis vraiment ils ne peuvent pas s'empêcher de faire un Anime sans que les personnages gueulent comme des tarés. C'est usant, cet extrémisme vocal, mais il fait malheureusement partie des aspects récurrents de la japanimation.
Citons d'un autre côté l'ambiance sonore, avec ses chansons nostalgiques de la Marine ou la belle reprise de "How you remind me", qu'il convient de saluer.
Une meilleure réalisation que Strong World, mais qui reste tout de même dans le cadre préconçu des adaptations de Shonen, sans prendre d'audacieux paris.
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