Critique de One Shot par Ygor Parizel
Court-métrage allemand sur l'Intégration. L'idée de base est bien vue avec un seul plan, une mise en abîme et une réflexion vive sur les intégrés ou non.
Par
le 20 déc. 2015
C’est le coup du film dans le film dans le film dans le film. Bon, pourquoi pas, je n’ai rien contre la mise en abîme, au contraire, mais l’ensemble est un peu confus, et la fin laisse un goût amer, avec un monologue peu convaincant.
Le film est conçu comme un long plan séquence (même s’il y a une coupe) dans lequel nous voyons le tournage d un film d’étudiants : une caméra fixe est posée au centre une piste de d’atterrissage d’aéroport, et de temps en temps, un clap indique que la scène est finie, mais la caméra continue de tourner… Car la réalisatrice que l’on nous présente a voulu, par une mise en abime, démonter avec dérision des clichés sur l’intégration en Allemagne. On peut partager le propos, qui est aussi celui du réalisateur de One shot, même s’il est distillé assez maladroitement : des amateurs décident de traiter de la question, de prendre les choses en main, de donner leur avis sur cette question de fond de l’intégration des étrangers dans la société allemande, afin de tenter de faire changer les mentalités. C’est plein de bons sentiments de la part de la réalisatrice (fictive), et le réalisateur de One shot, Dietrich Brüggemann, critique ainsi avec gentillesse ces Allemands pur jus qui se permettent de parler d’intégration, alors qu’ils n’en connaissent rien. Ces jeunes réalisateurs qui pondent des concepts à la con, sans avoir les moyens d’aller au bout (un seul plan séquence, sur une piste d’atterrissage, avec des acteurs non professionnels !). Brüggemann se moque un peu de cette réalisatrice, mais doit-on pour autant entrevoir de l’autodérision, One shot n’étant pas si éloigné du film que l’on nous montre en train de se faire ?
L’idée est de montrer la complexité des choses, les clichés sur les immigrés, le poids des stéréotypes, la question de savoir s’il faut ou non reproduire ces clichés sur une pellicule pour les dénoncer. Mais tout ça n’est pas très original, et je trouve que la structure complexe du film ne lui rend pas service, sans parler d’un dénuement raté, malgré l’humour et la tentative de détourner le terme d’intégration. Tentative que j’approuve, car ce terme est détestable, ne rendant responsable de l’insertion dans une société que ceux qui y pénètrent, et non le groupe qui est censé les accueillir. Bref, un film décevant malgré une démarche intéressante.
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Créée
le 6 avr. 2016
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