Only God Forgives par m3gou
Ryan Gosling, acteur fétiche de Nicolas Winding Refn, héro silencieux protégeant sa dulcinée des mafieux dans Drive, n'est ici qu'un pauvre gars qui perd tous ses combats : se dégager d'une mère quasi-incestueuse et castratrice, combattre sa culpabilité (multiples métaphores par les gros plans sur les mains sales, le sang qui s'échappe du robinet alors que Julian se lave les mains, nombreuses apparitions d'une punition divine à venir incarnée par l'effrayant flic au sabre tranchant) et une sexualité qui n'aboutit pas ... Pour ceux qui voulait un second Drive ou un film d'action à citation "fight club" comme le laissait présager la bande annonce, ce sera une belle déception.
Cependant, Nicolas Winding Refn propose un film au scénario volontairement minimaliste, mettant en avant l'intériorité et la quête spirituelle de son personnage. Le silence ne limite pas l'expression ici, il devient presque trop expressif pour de longues scènes contemplatives que surplombe la musique pesante signé Cliff Martinez. Il dit s'être orienté vers une musique typique des films de science-fiction et d'horreur, on remarque cependant quelques clins d'oeil discret à la pop musique, même si le réalisateur souhaitait une bande son qui n'ait rien à voir avec Drive.
Le film prend des allures de tragédie grecque à but cathartique, où l'expression de la violence devient nécessaire au personnage dans ses tentatives de dégagement et d'émancipation, et nécessaires au spectateur pour exhorter ces longues attentes anxieuses dans les couloirs, cerné par les dragons rouges sang de la tapisserie de l'hôtel aux activités douteuses. Dieu se réincarne en un flic mandaté pour une expédition punitive au sabre, un dieu qui exécute selon son bon vouloir, une justice à la sentence irrévocable.
Pour un "après Drive", Only God Forgives est une prise de risque assumée. Le film m'a dérouté plus d'une fois, et c'est encore ce que j'apprécie le plus chez Winding Refn.