Il a dû falloir une certaine dose de courage à Costner pour imposer un tel film à Hollywood. En effet, depuis une trentaine d'années, les westerns ne sont plus en odeur de sainteté dans le cinéma américain. Ou alors, si on produit, c'est pour s'affranchir des règles traditionnelles du genre. Western à la limite du surnaturel avec Pale Rider. Mort du western avec Impitoyable. Western contemplatif avec L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Autant de très bons films, voire de chefs d’œuvre, mais aucun western classique.
Eh ben Costner, lui, il fait un western classique, traditionnel.
Le début nous montre quatre cowboys conduisant leur troupeaux dans les grandes prairies. Et c'est, de très loin, ce que j'ai préféré dans le film. Les paysages sont sublimes et le cinéaste insiste sur une description réaliste de la vie des cowboys. Loin des images d'Epinal auxquelles nous sommes habitués, il nous montre à quel point c'est une vie difficile, un travail rude, ardu, épuisant. Mais qui a ses bons côtés, entre autres cette liberté absolue qui tient tant au cœur des Américains. C'est beau, c'est poétique, c'est une sorte de lyrisme du quotidien.
Puis vient le conflit. C'était inévitable. On ne pouvait pas faire un film de 2h20 avec quatre gaillards dans les prairies. Il fallait autre chose. Et c'est là que ça se gâte un peu.
Le conflit est très classique. Il oppose les cowboys itinérants (nos quatre héros) et un grand propriétaire. On tombe assez vite dans la caricature : le riche éleveur qui fait peur à tous ceux qu'il ne peut pas corrompre. Le marshall pourri et violent qui fait respecter une version toute personnelle des lois.
Il faut bien avouer que Costner est moins à l'aise pour filmer les scènes tendues que pour les grands paysages. Il ne réussit pas vraiment à créer une ambiance violente, nerveuse. De plus, cette partie est plus prévisible.
Mais finalement, ce n'est pas si grave que ça, tant cet aspect m'a presque paru secondaire.
L'important est ailleurs. Open Range est un film de personnages. Depuis le début, Costner parvient à nous intéresser à des hommes bourrus, taiseux, qui ont choisi ce métier pour fuir quelque chose et qui restent souvent plongés dans leur mutisme.
Cette situation dangereuse va pousser ces hommes à se dévoiler, à s'ouvrir les uns aux autres. Et ces scènes de confessions sont parmi les plus belles du film, les plus émouvantes en tout cas. Le cinéaste est aidé en cela par l'interprétation, en particulier Robert Duvall, dont le charisme et le talent font de l'ombre aux autres acteurs.
Au final, un bon film, qu'il est préférable de voir sur grand écran pour profiter pleinement des splendides paysages.