Ce qui m'a intéressé à Open windows, ce n'est pas l'actrice porno Sasha Grey, dont je me fous, ce n'est pas non plus le réalisateur Nacho Vigalondo, dont j'ai vu Timecrimes sans comprendre comment on pouvait trouver ça génial, mais c'est le pitch. Du moins le pitch tel que je l'avais lu, à l'époque où on en savait encore peu sur le film. Je pensais qu'il était juste question d'un fan qui traque sa star de ciné favorite, par le biais des nouvelles technologies. Elijah Wood semblait de plus reprendre un rôle évoquant celui qu'il avait dans le très bon remake de Maniac.
Quand j'ai vu le trailer d'Open windows, paradoxalement, le concept censé donner envie aux spectateurs m'a refroidi : tout est vu à travers des fenêtres d'ordinateur. Tout. Et en quelques minutes de bande-annonce, les évènements vont tellement loin que ça décrédibilisait déjà le film.
En écrivant ça, je suis en train de me demander pourquoi j'ai voulu voir le film finalement, mais je ne sais plus. Par curiosité, sûrement. Ce vilain défaut.

En tout cas, il faut admettre que dès les premiers instants on remarque un travail hallucinant de montage et de post-production.
Tous les évènements sont relatés sur l’écran d’ordinateur de Nick Chambers (Elijah Wood), fan de l’actrice fictive Jill Goddard (Sasha Grey), qui a gagné un rendez-vous avec la star et se voit contacté par un inconnu qui prétend se charger du site promo du dernier film de Jill.
Le processus de travail sur ce film, une fois tourné, a dû débuter par le montage, puis il y a eu tout cet habillage de fenêtres informatiques, de panoramiques et de zooms d’une zone de l’écran à l’autre, … Ca se fait avec fluidité et un rythme soutenu, il y a un travail énorme là-dedans.
Et ainsi, contrairement à d’habitude, je trouve que ce film est à voir sur un écran d’ordinateur plutôt que de cinéma. Open windows crée une mise en abyme de la façon dont on regarde un film sur son ordinateur ; pendant mon visionnage, mon attention était détournée par d’autres pensées, je suis allé voir qui me parlait en même temps, j’ai checké sur IMDb si tel personnage mineur n’était pas joué par Derek Mears, …
En revanche, Nacho Vigalondo prend vite de très grosses libertés, se servant dans son histoire de pleins de logiciels extravagants. L’inconnu qui vient parler à Nick en vidéo-chat lui passe un lien qui permet d’accéder à une caméra de surveillance à la conférence de presse de Jill Goddard, puis il lui permet de voir depuis l’écran de portable de l’actrice, … Et quand faire des choses impossibles ne suffit pas, le hacker fait des choses qui en plus de ça sont incompréhensibles, comme afficher et faire écouter l’intérieur d’une chambre d’un bâtiment en face, filmé par une simple caméra.
Même pour ce qui est du comportement humain, il y a un manque de logique. Le hacker ordonne à Nick d’éteindre la lumière dans sa chambre d’hôtel, pour que Jill, dans une chambre en face vue par la fenêtre, ne remarque pas qu’on la filme. On a du mal à comprendre, mais effectivement, quand la lumière se rallume ensuite, par je ne sais quelle magie, l’agent de Jill remarque immédiatement la caméra de Nick, alors même qu’il est à 200m de distance et qu’il n’avait rien jusque là lui indiquant être observé.

Le film réclame déjà beaucoup de suspensions de l’incrédulité, et les situations deviennent quand même de plus en plus grosses.
Le hacker ferait presque passer Jigsaw dans Saw pour un personnage crédible, vu l’ampleur de ce qu’il a prévu 30 coups à l’avance, et comme il semble capable de tout contrôler.
Au bout d’un moment, Nick est forcé de suivre les instructions du hacker, mais je ne sais comment au début il a pu un seul instant envisager faire confiance à un inconnu capable de contrôler n’importe quelle caméra ou ordinateur. C’est un brin suspect, non ? Et à chaque fois que le héros s’interroge sur l’identité ou les intentions du cyber-criminel, ses questions sont balayées par un "vite, on n’a pas le temps" à l’arrivée d’un danger.
C’est trop facile.
Par le plus grand des hasards, exactement le même soir, Nick est contacté par trois hackers français qui pensent parler à l’autre hacker, "Nevada", qui est apparemment le meilleur dans son domaine. Ces abrutis croient tout du long que Nick est Nevada, alors même qu’il dit le contraire et que cela n’aurait aucun sens que ce soit lui.
Et si Nevada est si doué, s’il est capable de contrôler l’ordinateur de Nick et n’importe quel appareil électronique (oui, même une caméra DV branchée à un ordi, bon…), comment a-t-il pu faire passer à Nick une conversation qui lui était destinée ? Ca n’a aucun sens.
En plus d’être un pro des nouvelles technologies, Nevada est aussi un psychopathe, du genre à porter des gants de giallo et un énorme couteau, avec lesquels il s’approche à un moment de Jill, qui ne remarque rien (eh oui, il était planqué chez elle, avec son ordinateur et tout son matériel !), tout en continuant à parler à Nick.
Mais… mais… mais c’est totalement n’importe quoi !
Le film se poursuit avec tout un tas de twists saugrenus, cherchant à se faire passer pour plus futé qu’il ne l’est.
Ce qui m’énerve c’est que j’ai malgré tout continué à regarder, je souhaitais m’arrêter mais ai été piégé par ce rythme soutenu, trop prenant.
Mais je ne comprends pas comment on peut donner de l’argent à un film comme celui-là. Il a assurément été vendu pour son concept, et non pour son script.
Ce qu’on voit dans Open windows, c’est avant tout le talent de son équipe de post-production, pas celle du réalisateur/scénariste.
Nacho Vigalondo n’est pas encore si connu que ça, mais est déjà surestimé pour moi. En tout cas après Timecrimes, son segment dans The ABCs of death, et Open windows, je m’arrête là dans sa filmo.

PS : Nevada qui dit de Jill Goddard qu’elle n’a jamais montré ses seins auparavant… Come on, vous savez qu’une réplique pareille va faire se marrer le public, l’actrice est Sasha Grey !
Fry3000
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le 29 déc. 2014

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Wykydtron IV

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