Opération K se présente comme un polar italien plutôt mineur mais qui n'est pas pour autant dénué d'intérêt. On y suit l'errance crapuleuse d'un paumé et d'un fils de prof dont l'amitié nait par accident au décours d'une soirée durant laquelle le second connait une panne sexuelle. De cette mollesse honteuse découle une enfoncée fulgurante dans la délinquance et le crime : consommation de drogue, vols de sac à main et de voiture, viols, meurtre accidentel, braquage de dealer et prise en otage des clients d'un restaurant à des fins de rançon. C'est cette dernière exaction qui occupe une bonne moitié du métrage et qui est l'occasion de recréer une mini-société dans laquelle se révèlent les tensions sociales et personnelles qui irriguent les personnages.
Paulo, le beau gosse vénéneux, se vit comme un déclassé qui n'a que la violence pour se venger de la vie et récupérer les richesses qui lui apparaissent dues, dans une démarche totalement destructrice tant pour ses victimes qu'envers lui-même (son amateurisme criminelle ne lui assurant aucun avenir pérenne). Gio, le petit bourgeois mal-aimé par un père rejetant, semble vouloir se sortir de sa gangue mais, en voulant s'affirmer, il ne fait paradoxalement que valider le pronostic paternel d'échec ; son impuissance initiale l'amène sans cesse à réinvestir la sexualité par une violence pseudo-viriliste, que ce soit le viol de son amie ou les menaces et contraintes imposées à ses otages. Mais cette impuissance apparait également concerner la police dont la gestion de la situation est étonnamment passive, jusqu'à se solder par une forme d'échec généralisé au ton sombre et nihiliste.
Opération K est réalisé de manière sobre et efficace, sans grande séquence d'action à mettre en scène, avec un rythme en faux-plat. Il se montre assez sordide par moments, ne cherchant jamais à styliser sa violence. Comme le fait remarquer Emmanuel Le Gagne dans le bonus du DVD, le scénario peut dérouter en se trouvant à la croisée des genres, entre le rape and revenge, le poliziesco et le film de braqueurs, sans trop savoir vers où il se dirige. Un défaut qui lui confère pourtant sa force. A noter une VF atroce qui convie toute la team des doubleurs de ninja-flicks de Godfrey Ho pour en faire des caisses dans le glauque rigolard et saboter tout l'intérêt du film. A voir en VI, donc.