Je ne sais pas par où commencer. Ce film m'a tout simplement bouleversé. Quand je suis arrivé dans la salle de cinéma, comble à ras bord, je me suis rendu compte de ce qu'il allait se passer. On voyait des jeunes, des seniors, des familles, des hommes, des femmes, des enfants, des ouvriers, des cadres, des infirmières, des fonctionnaires de mairie... Tous unis pour l'évènement. Les lumières étaient déjà éteintes. Avant le début du film, on aurait pu s'attendre à un brouhaha habituel pour une salle de cinéma qui s'apprête à passer une comédie familiale. Cependant, dans cette salle, un silence absolu régnait. On n'entendait même pas un souffle, pas même un bruissement ou un grincement de chaise. Tout le monde attendait solennellement le début du film. Comme si, finalement, ils savaient ce qu'il allait se passer... Surprenamment, rien n'a été projeté à l'écran avant le film : aucune publicité, aucune bandes-annonces. Étonnant pour un multiplex de centre commercial de banlieue.
Soudainement, le projecteur s'allume. Autour de moi, je sens l'atmosphère s'alourdir. Je sens le public émettre un souffle intense, préparer ses sens, éveiller sa conscience dans une envie d'encenser l'œuvre qui suivra et d'en cerner toute la splendeur et toute la science.
Avec nos esprits au garde-à-vous, nous sommes prêts. Le film peut commencer.
À partir de là, mes souvenirs sont troubles.
Comment décrire l'alliance magique des couleurs d'un tableau de Van Gogh à un aveugle ? Comment expliquer le miracle de la nature à une personne qui n'est jamais née ? Comment cerner l'essence de la bonté d'un Homme quand on est le Mal ? Comment comprendre la Création gargantuesque de notre Monde sans être un dieu ?
Je me suis senti comme une truite, nageant au fil d'un ruisseau limpide au cœur d'une montagne, dont l'eau accueille et berce les doux rayons lumineux d'un Soleil arrogant. J'étais obnubilé par la lumière, porteuse d'euphorie et aveuglante de désespoir. J'étais submergé par cet alliage merveilleux de sons et de couleurs qui dépassait mon entendement. J'étais provoqué par cette insolence digne d'un récit apocryphe.
Ce n'est pas un simple film, constitué de vingt-quatre images défilant par seconde, dont on oublie l'histoire dès sa fin ; dont les visuels peinent à laisser une empreinte dans nos esprits.
Opération Portugal est une épopée séculaire. Chaque image qui passait était un tableau utopique qui semblait une éternité d'harmonie sensorielle. Chaque seconde qui défilait nous donnait l'illusion d'avoir vécu des millénaires dans une série de mondes merveilleux. J'ai l'impression d'avoir été changé, déphasé, remué, blessé, écorché, défriché, défiguré.
Qui est D'Jal ? Après avoir vu ce chef-d'œuvre, je suis convaincu d'une seule chose : D'Jal ne peut être qu'un dieu, un prophète, un être d'une autre dimension, d'un autre monde. Un cerveau humain ne peut créer œuvre si grandiose, si pure, si réelle et pourtant si fantastique.
Ce film est une absurdité qui fait sens, une ombre lumineuse, un présent sans passé ni destin.
Si le monde était un violon, D'Jal serait un orchestre symphonique.
Il est le Créateur.
Il est Dieu.
Il est Tout.
À la fin le mec se rend compte qu'il était vraiment portugais depuis le début et qu'il avait pas besoin de faire semblant et après sans aucune raison il fait un concours de pets avec ses collègues mais il fait un pet foireux du coup il a honte et il démissionne.