On est sur du très genré façon "white poor high-schooler rich boy's drama" ou "american pie like", comme vous voulez. Ça veut dire que le centre des préoccupations sera tout du long un ado et ses galères, les autres personnages resteront strictement ses faire-valoir et pour couronner le tout, leur caractérisation est outrancièrement caricaturale. Le genre de films qui ne m’était déjà pas destiné quand ce segment a commencé à pénétrer en force au début du millénaire.
Je le découvre en 2021 ce film, au hasard d’une interview de Jack Black sur GQ, et surprise, c’est drôle. Les caricatures sont ciselées au point que les seconds rôles sont surprenants d’auto-dérision ironique. Jack dira que c’est certainement le personnage le plus ressemblant à sa propre personnalité jusqu’alors. Notons que ce fut le début de sa collaboration avec Mike White le scénariste (et judicieusement le prof de littérature) qui, séduit par la prestation, lui écrira Rock Academy puis Super Nacho. Shaun l’adolescent et Ashley son émouvante girlfriend ne sont que les augustes de la ménagerie clownesque autour d’eux, Jack le grand frère en tête.
Le rythme est joyeusement soutenu mais jamais frénétique, les péripéties s’enchainent sans s’appesantir sur leurs résolutions. La comédie oscille adroitement entre le comique de situation et le comique de caractère. L’alcool, la drogue et les relations charnelles hors mariage font leurs apparitions contractuelles sans lourdeur. La photo, la bande son, le cadre… En bon junior d’un ciné californien qui parle des californiens, Jake Kasdan agence tout cela élégamment, ce qui le conduira plus tard à diriger les nouveaux Jumanji.
Au-delà des points techniques, le film me marque par la justesse avec laquelle il offre à ses personnages, et à travers eux aux spectateurs, la bienveillante opportunité de se voir tels qu’ils sont le bref moment d’un état de grâce avant de revenir au confort de se voir tels qu’ils pensent être.
Alors attention, à ne pas mettre devant tous les yeux. Ce n’est jamais qu’une comédie légère de blancs que le confort social rend incapables de se rendre compte qu’il n’y a qu’un seul noir invité à la party des Alpha Rhô Khi de la Stanford University, fierté d’une Californie qui autrefois appartenait à l’ethnie de la bonne latina qui n’aura certainement pas les moyens d’y inscrire ses enfants. Le happy-end où tout le monde finit par trouver chaussure à son pied est de mise avec juste son petit je ne sais quoi de caustique.
N’ayez pas peur, don’t call 911, n'écoutez pas la conseillère d'orientation mais entrez dans cette histoire autobiographique sur la genèse d'une histoire autobiographique.