Shaun Brumder est intelligent. Mais il préfère profiter des vagues du littoral du comté d'Orange. Jusqu'à ce qu'une tue l'un de ses meilleurs amis. Il découvre alors une raison de vivre avec la littérature, veut devenir écrivain. Mais entre sa mère qui ne le soutient pas, son frère toxico ou son père trop occupé par son travail, et , de manière générale, peu aidé par son entourage, Shaun veut quitter ses racines pour aller étudier à l'université de Stanford. Mais son dossier est refusé, à cause d'une erreur que Saun, sa petite-amie et son frère vont tenter de corriger.
Le film est écrit par Mike White, qui joue aussi un professeur à la culture très générale, et réalisé par Jake Kasdan. Tous deux ont fait de bonnes choses, bien que le premier soit le responsable de Sex Tape, affreux film. Mais Orange County donne le sentiment qu'ils ne savaient pas où aller. Un sentiment conforté par le visionnage du commentaire audio, où ces deux personnes n'ont pas réussi à m'expliquer ce qu'ils voulaient faire avec ce film. Au bout d'une vingtaine de minutes sans explications, je suis donc passé à autre chose.
Car le film se présente comme un teen-movie, l'émancipation d'un adolescent qui veut s'extraire d'un quotidien peu enrichissant, et qui poursuit un rêve, celui d'entrer dans une université prestigieuse. Mais la fin terminée, il est évident qu'il manque un élément, matérialisé par une scène coupée qui vient remettre en question de façon intelligente le rêve de Shaun, car il s'agit bien d'un rêve. L'un de mes camarades de ce site fustige cette fin, et il est vrai qu'elle est amenée de façon bien peu convaincante.
C'est donc tout le tort du film de manquer de subtilité, d'intelligence. Mike White a écrit de meilleures histoires, ou peut-être qu'elles ont été mieux respectées dans le résultat final. Mais c'est peut-être aussi un problème de positionnement, le film appuie parfois lourdement sur la comédie américaine un peu lourde, incarnée par Jack Black. J'aime ce genre de films. Et c'est un film produit MTV. Mais cela dénote, et vient étouffer le côté plus intimiste d'un film qui fait des oeillades à la comédie indépendante.
Peut-être est-ce que c'est ma perception du Jack Black actuel qui joue aussi, l'acteur ayant réussi à prouver ses talents depuis la sortie de ce film en 2002. Le voir jouer l'andouille défoncée et surexcitée n'a plus le même effet, mais cela devait satisfaire le public de l'époque. Heureusement, j'ai trouvé les prestations des autres acteurs fort convaincantes. Colin Hanks est le Michael Cerra de l'époque : une tête-à-claques, un emmerdeur d'adolescent, mais qui a le courage de ses paroles, de ses choix. Fils de untel. Schuyler Fisk est sa petite-amie, fille de aussi (mais c'est moins évident), et possède un charme tout adolescent, tout en candeur, qui la rend parfaite pour le film. Je regrette qu'elle ait fait une carrière aussi transparente au cinéma. Et encore une pelletée d'acteurs assez connus, dans des rôles secondaires ou dans quelques courtes apparitions toujours appréciables. Sauf pour Harold Raimis. Pauvre Harold Raimis.
Disons-le comme ça, Orange County est un film où les acteurs semblent en savoir plus que le réalisateur et le scénariste sur le but du film. Peut-être se sont-ils appropriés les rôles, qu'ils se sont retrouvés dedans, qu'ils se sont donnés dans les limites de leur sphère d'influence, mais sans pouvoir influer sur une vision d'ensemble trop molle, trop timide. Il aurait fallu intervenir pour que la morale de ce long-métrage ne semble pas si conservatrice, au premier abord. Peut-être est-ce voulu, une certaine langueur, une audace qui le plongerait dans la comédie indépendante. Mais j'en doute fortement.