Oranges and Sunshine : un scénario qui l'emporte sur le jeu d'acteurs

Le premier film de Jim Loach en est un qui a probablement été l'objet de polémiques en Angleterre, critiquant et le gouvernement et l'Eglise. Margaret Humphreys est ici incarnée par l'actrice britannique Emily Watson, dont on n'oublie pas le visage bien particulier. Cependant ici, ce visage innocent, presque d'enfant, ne colle pas forcément au personnage. Bien que combattant pour une cause juste et ne voulant accuser personne, le mot « combattant » n'en est pas moins important. La Margaret Humphreys de Jim Loach paraît entraînée contre son gré dans cette affaire, avec un regard toujours affolé qui contraste avec ses paroles, agressives et déterminées lors d'une émission de radio par laquelle elle se fait connaître. Le scénario est plutôt bien bâti.
Les allées et venues de l'héroïne de Londres en Australie agissent comme un champ-contre champ et diversifient les paysages un peu clichés : nuages et tons gris à Londres, soleil éternel en Océanie. Cependant, la photographie du film rend de très belles couleurs aux tons chauds pour la plupart du film, et on sent bien que le budget mis en place est assez important pour un premier film. La réputation du père de Jim Loach aura sans doute joué en sa faveur.
D'ailleurs tout comme son père, Jim Loach exploite le thème du social (Bread and Roses, K. Loach). L'histoire, inspirée de faits réels, est assez peu commune. Des enfants arrachés à leurs parents pauvres pour être envoyés en Australie où ils seront exploités, sous prétexte qu'ils coûteront moins cher au gouvernement britannique une fois à l'autre bout du monde. C'est une remise en question de la confiance envers les hommes politiques mais aussi du clergé, dont l'image est salie au cours du film (cependant, ce n'est pas le premier film à l'avoir fait). Les prêtres sont des loups sous des airs d'agneaux, et auraient été de mèche avec l'affaire.
La tension monte progressivement dans l'histoire, et on la subit en même temps que Margaret Humphreys grâce à de nombreux plans rapprochés, serrés voire gros plans. Si elle n'arrive pas à exprimer visuellement la hargne et la combativité, elle incarne à la perfection la bête traquée par des personnages cherchant à lui mettre des bâtons dans les roues. Ceux-ci interviennent d'ailleurs souvent de nuit. Par exemple, un homme cherche à briser sa fenêtre pour la tuer alors qu'elle dort du mieux qu'elle peut. Les personnages qu'elle aide principalement sont façonnés de manière à incarner l'innocence et la fragilité, ce qui nuit un peu à leur personnalité, effacée. Malgré quelques longueurs dans ce film (grands silences accompagnés de plans quasi-fixes), on n'en demeure pas moins ému.
FlorineP
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le 2 nov. 2011

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FlorineP

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