On reproche souvent aux films français de faire tout le temps la même chose, de manquer d'audace, d’être merdiques ou totalement oubliables.
Pourtant chaque année certains films français émergent, sortent du lot, réussissent à capter l'attention et prouve que non le cinéma français n'est pas (que) de la merde.
Ces dernières années de nombreux films ont prouvés que le cinéma français avait un avenir et n'était pas (encore) mort et devenu complétement dépourvu d’intérêt.
Qu'il pouvait être qualitatif voir franchement audacieux.
Et en ce qui me concerne " Oranges Sanguines " fait parti de ces films là.
J'ai du me rendre dans un autre département pour voir ce film,prendre le train, marcher,sacrifier un après midi entier mais vous savez quoi ? ça en valait la peine et je ne regrette rien.
Nous allons suivre plusieurs histoires,plusieurs personnages, un ministre de l'économie voulant éviter qu'un article sur la fraude fiscale dont il s'est rendu coupable ne sorte, une adolescente qui rêve de perdre sa virginité avec le mec sur lequel elle est en crush, un couple de retraités au bord du gouffre financièrement et qui espère sauver sa peau en gagnant un concours de danse rock, le fils de ces retraités qui travaille pour un cabinet d'avocat, un détraqué sexuel dont on ne sait rien si ce n'est que c'est un détraqué sexuel et un chauffeur de taxi au langage ordurier.
Tout ce beau monde va être amener à se croiser au fur et à mesure du film,en tout cas certains d'entre eux vont se croiser, pour donner corps à un récit choral acide,satirique, violent et méchant, qui ne laissera personne indifférent.
Le film navigue constamment entre différents genres et différents tons.
Il crée un décalage chez le spectateur en proposant parfois un cadre très réaliste et parfois étrange voir virant à la parodie.
Le couple de retraités qui se suicide avec la fleur au fusil et en faisant des blagues, le violeur qui raconte son histoire tragique pour ensuite révéler qu'il a tout inventé et qui viole ses victimes en balançant des blagues,la parodie de " Une ambition intime " avec le ministre, la réunion au ministère pour savoir comment économiser 22 milliards, le jury du concours de danse qui débat du vainqueur dans un vestiaire de piscine entre deux rangées de casiers,le tout avec une senior en tenue de bain qui passe au premier plan,la scène chez la gynéco, la discussion entre copines autour du sexe, la première fois de l'adolescente ou c'est plus la fille qui baise le mec que l'inverse ...
Il y a des moments joyeux, des moments drôles, des moments absurdes, des moments tristes, des moments horribles, des moments jouissifs et parfois une scène va comporter deux tons différents à la fois.
Le film joue aussi sur le fait que beaucoup de personnages vont alterner entre un statut de bourreau et un statut de victime.
Principalement le ministre, le détraqué sexuel et surtout l'adolescente.
De plus le film te fait détester des personnages, t'as envie qu'ils leur arrivent des sales trucs et quand ça arrive y a des fois où c'est jouissif et d'autres fois ou c'est vraiment malaisant, tu te retrouves à ressentir une sincère pitié pour des personnages que t'as détester pendant une bonne partie du film.
Le ministre bien sur mais aussi le fils des retraités, ce perso même s'il ne fait techniquement rien de mal pendant le film est vraiment détestable, mais quand il découvre le corps de ses parents avant de se faire gazer puis pisser dessus par le chauffeur de taxi on se met à ressentir une vraie peine pour ce gars qu'on a pourtant méprisé pendant quasi tout le film.
C'est lui qui a sans doute la meilleure évolution de personnage du film.
Avec en point d'orgue sa rencontre avec l'adolescente violée, une scène magistrale ou deux êtres traumatisés par un événement horrible qui vient de leur arriver,essayent malgré tout de faire bonne figure et de ne pas s'effondrer, et qui finiront par se soutenir mutuellement.
Je ne vois pas comment on peut ne pas être toucher par cette scène.
Le film est divisé en deux parties : une partie ou s'enchaine les " sketchs " et qui va varier entre différents types de comédie et une partie beaucoup plus sombre ou vont s'enchainer les séquences chocs et dérangeantes.
ça rappelle un peu " Parasite " : durant la première partie tu rigoles et durant la deuxième tu rigoles plus du tout ...
Le film évite toutefois de sombrer dans le nihilisme absolu avec une très jolie scène de conclusion se déroulant pendant le générique de fin qui permet de finir sur une note un peu plus positive,montrant que parfois il peut encore y avoir une justice dans ce monde injuste.
Et le générique de fin de défiler sur la magnifique chanson " Wonderful life " de Smith and Burrows clôturant à merveille ce film qui ne plaira pas à tout le monde mais qui m'a plu à moi.
Je recommande.