En me lançant à l’aveugle dans Oranges Sanguines, il était évident que je ne pouvais pas m’atteindre à un tel cocktail explosif que celui proposé par les membres de la troupe Les Chiens de Navarre.
Une satire radicale, jusqu’au boutiste, qui présentes des ordures profondes, supposées, détraquées dans une société qui présente tous les aspects d’une décharge à ciel ouvert où l’on pérore sur des inanités, sur des enjeux sociaux que l’on galvaude pour servir un système de pensée, et sur des inversions de trajectoires d’accidentés de la vie et de nantis qui se voient confrontés aux conséquences de leur défécation quotidienne sur leurs concitoyens.
Oranges Sanguines ne nous laisse jamais entrevoir où l’on se dirige, mais on sait que l’on y va à fond, sans aucune retenue. De débats consternants entre les juges d’un concours de rock’n’roll, à un repas de famille usant, en passant par une décomplexion du sexe féminin chez la gynécologue et la déconstruction physique de l’organe masculin, le film nous fait passer du rire aux larmes, de l’horreur à la tendresse.
Une œuvre qui tire à tout va sur nos travers dans une hybridation des genres en employant une verve singulière. Cela donne très envie de découvrir le reste de la filmographie de Jean-Christophe Meurisse, en commençant par le tout récent Les Pistolets en Plastique, traitant du cirque médiatique autour de l’affaire Dupont de Ligonnès.