Ordres secrets aux espions nazis par Cinemaniaque
Bien sûr, comme tous les films de guerre de Fuller (mis à part Big Red One), Verboten sent la propagande, en l'occurrence ici rappeler moins de 15 ans après la guerre que les nazis c'est rien que des méchants d'abord. Mais ne retenir que ça, et même dirais-je ne voir le film que de cette manière me semble être une grave erreur. D'une part parce que si l'on peut bien accorder le crédit d'objectivité à un cinéaste, c'est bien Fuller, qui ne fait que retranscrire, de manière romancée certes mais tout de même, la réalité du terrain : un soldat avance, ses compagnons tombent autour de lui, il tue son adversaire, puis s'écroule aux pieds d'une civile. C'est aussi un film qui, comme le cinéma de Fuller dans son ensemble, repose sur l'ambiguïté et la dualité : celles des personnages et de leurs relations entre eux mais aussi du discours du film, de la mise en scène (ici, en l'occurrence, les scènes (fauchées) de studio sont alternées avec des images d'archives). De mise en scène, il est bien question ici, car si Fuller n'a pas un grand budget pour son film, il n'en regorge pas moins de talent dans l'art de composer ses plans et de proposer un rythme soutenu, sans temps morts, comme un soldat avançant sur le champ de bataille. A l'arrivée, cette répulsion des Allemands qui sont évoqués comme des moutons manipulés par les idées d'un beau parleur, qu'il s'appelle Hitler ou soit un leader de la Jeunesse hitlérienne, tout comme ce dialogue percutant (encore plus pour l'époque) où le soldat américain dit aux civils allemands "nous ne sommes pas venus pour vous libérer, mais pour vous conquérir !". Un film intense, malgré quelques ficelles mélodramatiques et un manque de profondeur concernant certains points pourtant intéressants comme la difficulté d'une relation soldat américain/femme allemande.