Shirley Clarke est une réalisatrice importante dans l'Histoire du cinéma indépendant américain. Elle a surtout été active pendant les années 1960 et 1970 et a eu régulièrement recours à la simple caméra vidéo. Opérant en marge d'Hollywood (elle est actrice à l'occasion : en 1969, chez Varda [Lions Love] et Jonas Mekas [Walden]), elle a construit une œuvre entre fiction et documentaire, axée sur les minorités ethniques et sociales, en particulier les noirs afro-américains. Elle approche des ghettos, des danseurs, des prostitués, des musiciens de jazz ; Ornette made in America est dans ce dernier cas. Ce film de 77 minutes est un making-off non-conventionnel centré sur un concert d'Ornette Coleman (au 'convention center' de Fort Woth - Texas), fameux saxophoniste et contributeur au free jazz.


L'événement sert de fil conducteur et quelques passages se concentrent sur l'orchestre ; l'ensemble mêle images d'archives (pour les lieux d'enfance surtout), interviews, flashs psychédéliques insistants virant parfois aux fictions éclairs trempant dans l'absurde. Proches du sketch sous ganja, ces derniers jouent sur la déconstruction, le morcellement ou le renversement des éléments (l'échange de bébés entre une femme noire et une autre blanche, par exemple). À partir de l'entrée de Burroughs, venu parler utopie, les exposés oraux se multiplient. Les échanges tournent autour des 'idéaux' et des valeurs esthétiques concernant la musique, l'expression artistique, mais ces considérations sont balayées par les compte-rendu d'expériences et la proclamation des leçons inhérentes.


La philosophie générale consiste d'ailleurs à faire du « cœur » une intelligence supérieure qui serait d'ailleurs le trésor « du tiers-monde » (lors d'une discussion à plusieurs). Si Clark est connue notamment pour Portraits of Jason (1967) où un noir choisi pour son 'atypisme' (homosexuel, comédien sans succès – 'maudit'), ce dernier film est pris au piège de sa volatilité, sans que les entretiens avec Ornette soient suffisamment enrichissants pour compenser. Les vues lâchées par Coleman virent aux laïus de toxicos remontant la pente pour faire profiter de leur ''lucidité'' et de leur compréhension profonde de l'existence humaine, ce qui est susceptible de donner des résultats d'une platitude assez triste, comme c'est le cas ici. Ce dernier opus de Clarke signe sa volonté de proposer un cinéma libéré et a le mérite de faire cohabiter des formes et des niveaux d'élocution ; malheureusement le contenu est rachitique. En cherchant les envolées et les petites contributions, OMIA semble finalement conduit à l'arrachée, alors qu'il a été préparé pendant de nombreuses années, principalement à cause des archives.


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Zogarok

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