La première fois que j'ai vu "Orphée" de Jean Cocteau, je me suis profondément emmerdé. La seconde vision a toujours du mal à passer mais il y a un peu de mieux. Disons simplement que le Cocteau, je l'aime foufou, perché, dans son monde. Quand il filme des séquences plus classiques, je plonge automatiquement dans une torpeur sans retour.
Vision contemporaine (bien que hors du temps) et toute personnelle du mythe d'Orphée, le film de Cocteau navigue sans cesse entre deux eaux, multipliant les tableaux oniriques d'un côté tout en se raccrochant à une certaine réalité plus terre à terre de l'autre. Ainsi, quand le cinéaste filme son copain Jean Marais et son jeu ô combien précieux dans les situations les plus incongrues, le plongeant dans un onirisme absolument magnifique et décalé, j'adore, j'adhère, j'achète (comme dirais l'autre connard de québécois à "Danse avec les stars).
A l'inverse, quand le même Cocteau filme la province française, filme la frange de Juliette Greco, les tourments auditifs de Marais et sa radio, là, je pionce. Je ne dis pas que cet aspect du film est mauvais, il ne me parle tout simplement pas. J'aime quand Cocteau explore les rêves, l'imaginaire, l'inconscient et le subconscient, pas quand il filme le réel. Question de sensibilité j'imagine.