Un petit bijou de Linklater, réalisateur inventif à qui on doit la série des « Before », entre autres. Enormément de charme dans ce film qui nous transporte dans les années ’30 au cœur de New York, au sein d’une troupe de théâtre en pleines répétitions. McKay campe un jeune Orson Welles d’une présence formidable, tel qu’on l’imagine, charismatique, génial, égocentrique, qui dégage une puissance hypnotique. On suit l’apprentissage du juvénile beau gosse Richard avec plaisir de scène en scène, c’est une aventure passionnante et on aimerait être à sa place, derrière les décors de théâtre, avec les costumiers et les acteurs, à vivre leurs répétitions, leur trac, leurs ambitions. Dialogues assez courts et expressifs, promenade et pas de danse à la Fred Astaire, personnages secondaires vivants et intéressants. Et en plus, Linklater en profite pour nous faire voir la mise en scène de Jules Cesar par Orson Welles, qui a eu l’idée géniale de déplacer les luttes de pouvoir antiques chez le Mussolini contemporain ; aujourd’hui ce genre d’anachronisme (voir des SS sur scène dans des pièces classiques) est devenu une ficelle galvaudée car trop utilisée par les metteurs en scène (et souvent à mauvais escient), mais en 1937 c’était pertinent. Franchement, un film qu’on peut revoir plusieurs fois. Et ça me donne envie de lire le bouquin de Robert Kaplow.