Oslo, 31 août par Luciole
Anders, un drogué en cure de désintoxication, est autorisé à sortir dans le cadre de son traitement : Ayant obtenu un entretien d'embauche en ville, il est relâché une journée entière dans les rues d'Oslo pour y assister. Journée durant laquelle Anders fera le point sur sa vie et son avenir à l'aide de ses proches, de rencontres et de ses introspections. S'interrogeant autours de la possibilité d'un nouveau départ ou d'un abandon vers ses penchants suicidaires.
Au cours de sa virée Norvégienne, la personnalité d'Anders se dévoile à travers ses conversation lors de des ses rencontres et ses comportements face aux différentes péripéties de sa journée. Le réalisateur aborde de deux manières le traitement de ces informations : Soit par le scénario qui mène Anders à parler de lui et à se dévoiler. Soit de manière plus subtile via un travail sur la mise en scène, notamment au niveau du son : Joachim Trier n'hésite pas à jouer sur ce détail pour traduire l'état psychologie de son personnage. Un silence quasi-total rythme le film et souligne l'esprit renfermé du junkie dont on attend pourtant l'attitude inverse. Ce dernier se retrouvant, après des mois d'isolement, à nouveau libre dans le monde extérieur.
Une scène illustre bien ce procédé de travail sur le son : Juste après s'être pleinement dévoilé à son ami au cours d'une discussion dans un parc, Anders se sépare de lui afin rejoindre son rendez vous professionnel. Au bout de quelques mètres seul, les sons l'environnant baissent de volume et deviennent étouffés. Comme si on les percevait à travers la cloison d'une bulle. Ce mixage sonore ouvre le débat autours du comportement d'Anders : Faisait-il semblant de s'ouvrir au monde ? Son ouverture était-elle honnête mais provisoire ? À cause d'un manque de volonté ? D'endurance ? ...
Le junkie suicidaire se questionnera sur son attachement à la vie. Ses réflexions le mèneront à l'observer à travers les comportements de ses amis, de passant dans la rue, de voisins dans un café... À travers le regard de son personnage, le réalisateur dresse un portrait d'une époque aux comportements et préoccupations variés : D'un jeune couple bien implanté dans la vie qui ne s'épanouit plus, à un journaliste vieillissant se voulant ouvert d'esprit mais ne parvenant pas à passer outre ses préjugés, en passant par le court portrait d'une femme énergique mais seule. Trier aborde un éventail dense de personnalités au cours de son récit, illustrant les attitudes des individus de son époque. Des bribes de témoignages des habitants d'Oslo ponctuent également le récit à plusieurs reprises. Ces morceaux de conversation, autours des souvenirs des résidents de la ville, rajoutent au film sa dimension de documentaire.
Le film surprend pour sa subtilité dans le traitement des personnages et pour le regard du réalisateur sur son sujet : Sa mise en scène est sobre dans les effets* mais efficace dans son traitement. La revisite Norvégienne du roman le Feu follet est une belle petite perle.
*On notera l'exception de la scène (particulièrement bien réalisée) de la « rave party » ; usant avec audace d'effets visuels et d'ellipses pour traduire le flou et la confusion liés aux boissons et autres drogues circulant dans la soirée.