Le film s'ouvre sur des images de la ville qui défilent, différentes voix-off évoquant des souvenirs se mélangent, on ne sait pas à qui elles appartiennent. Mais d'ores et déjà, le ton est donné : il s'agira de retour au point de départ, de passé qui rattrape, inlassablement. Anders, ancien toxicomane, est sur le point d'achever sa cure de désintoxication. A l'occasion d'une sortie pour un entretient d'embauche dans un journal, il va revoir plusieurs de ses proches.
On assiste, durant tout le film, au terrible regard nostalgique qu'Anders porte sur son propre passé. Il se sait exclu de la société; il a manqué une partie de sa vie, et maintenant qu'il a 32 ans, il est trop tard. Ce sentiment émane d'une magnifique scène où, assis à la table d'un café, le jeune homme observe chaque personne qui l'entoure, chaque passant. Toutes ses vies qu'il aurait pu avoir. Parallèlement, on entend une jeune fille qui énumère tout ce qu'elle rêve de faire un jour. Il l'entend, et cela semble l'attrister plus encore. Anders ne croit plus en son avenir, il est prisonnier de sa propre existence, et pleinement conscient de sa propre désillusion.
Pourtant, et jusqu'aux dernières images, on veut croire à son rétablissement, car le personnage nous incite à ne pas le juger sur les erreurs qu'il a commises. Lui-même semble avoir le désir de vouloir s'en sortir. Le film paraît s'acheminer vers un point de fuite, et l'on se laisse volontiers berner par cette lueur d'espoir. On oscille entre optimisme et pessimiste, jusqu'à l'abrupt final. "Oslo 31 aout" progresse, peu à peu, sans qu'on s'en rendre vraiment compte, vers une fin inéluctable. Il traite des addictions qui nous menacent, mais également de la complexité des relations humaines, de la solitude. Anders est un personnage de l'errance, de la sincérité, à la recherche de lui-même, toujours dans un rapport douloureux au passé.
Le fait que le film soit baigné d'une lumière naturelle et urbaine lui confère une dimension nostalgique et fataliste. On peut également souligner le choix des morceaux qui composent la bande originale, en parfait accord avec les émotions du personnage. On ne peut qu'éprouver de l'empathie pour lui.
Une réussite qui mêle à la fois poésie et dur retour à la réalité. On en sort ébloui.