- Je vous conduis ?
- Je n’ai jamais pu refuser quoi que ce soit d’une brune aux yeux marrons.
- Et si j’étais blonde aux yeux bleus ?
- Cela ne changerait rien, vous êtes mon type de femme, Larmina.
- Tiens donc… Et si j’étais naine et myope ?
- Et bien, je ne vous laisserais pas conduire. Ça n’a pas de sens…
Jean Dujardin, l'agent secret le plus drôle de France
"OSS 117: Le Caire, nid d'espions" est un film français d'espionnage qui prend ses racines dans la série de romans d'espionnage OSS 117, créée par l'écrivain français Jean Bruce en août 1949. Cette série, l'une des premières du genre en Occident, a ouvert la voie à des œuvres emblématiques telles que James Bond, imaginé par Ian Fleming quatre ans plus tard. Comptant plus de 250 exemplaires et ayant donné lieu à plusieurs adaptations, la saga se retrouve ici entre les mains du réalisateur Michel Hazanavicius, qui opte pour une approche parodique. Cette décision pourrait décevoir les fans de longue date de Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, agent secret d'origine française travaillant pour l’Office of Strategic Services américain. Pourtant, la parodie qui en découle démontre un travail méticuleux dans l'hommage visuel au genre du film d'espionnage de l'époque. Dans une démarche méticuleuse et experte, le réalisateur s'attache à recréer l'atmosphère authentique des films d'espionnage de l'époque en utilisant un format d'image similaire, afin de capturer la véritable essence visuelle de l'époque. Chaque détail est soigneusement pensé dans la mise en scène pour garantir un résultat optimal, avec une équipe technique de haut vol comprenant Guillaume Schiffman à la photographie, Maamar Ech-Cheikh pour les décors, et Charlotte David pour les costumes. Cette approche va même jusqu'à reproduire les effets spéciaux kitsch de l'époque, ajoutant une couche de charme rétro à l'ensemble, pour un résultat toujours aussi louable. Le film offre également une satire audacieuse, utilisant un humour sans retenue, à une époque où de telles approches sont critiquées comme racistes, fascistes ou sexistes. « C’est marrant, c’est toujours les nazis qui ont le mauvais rôle. Nous sommes en 1955, herr Bramard, on peut avoir une deuxième chance, merci. » En effet, le film se moque ouvertement de ces critiques, car il s'assume pleinement en tant que comédie qui joue avec les stéréotypes et qui n'a pas peur de franchir les limites pour offrir un divertissement pur et sans compromis. Il rend ainsi hommage, à travers la dérision, à OSS 117 ainsi qu'au cinéma d'espionnage de l'époque.
Pour cela, le réalisateur va concentrer tous ses efforts sur la conception de son personnage principal, le rendant exceptionnellement riche en éléments tant sur le plan du fond que de la forme. Ce personnage prendra tellement de place à l'écran qu'il deviendra un véritable one-man-show à lui seul, captivant totalement la caméra. Ce tour de force ne pourrait être accompli qu'avec le génie d'incarnation d'un comédien brillant, et c'est Jean Dujardin qui se révèle éblouissant dans le rôle de Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117. Jean Dujardin nous offre un spectacle réjouissant dans ce rôle, qu'il tourne avec une ironie délicieusement exagérée. Sa gestuelle, ses regards, ses attitudes, ses rires, tout est parfaitement dosé pour souligner l'absurdité de son personnage. Ce dernier, loin du héros moderne, incarne à merveille le crâneur, le suffisant, le vaniteux, le fiérot, le puant, bourré d'idées préconçues qui suintent le mépris et le rejet, bref, tout ce que vous ne voudriez pas être. Avec une touche de machisme, de chauvinisme, et même une pincée de racisme et d'homophobie, ce personnage accumule les défauts pour mieux nous étonner. On pourrait le détester sur le papier, mais, c'est sans compter sur la subtilité de l'écriture et l'incarnation du personnage. En effet, derrière cette caricature extrême et cette façade grotesque se cache un homme touchant et simplet presque innocent, convaincu d'agir pour le bien. Il se voit comme le défenseur ultime des valeurs, le héros idiot par excellence, mais avec une immense dose de narcissisme, le tout tourné avec une subtilité savoureuse en dérision. « J’aime me beurrer la biscotte ! » Oser autant, c'était un risque, mais avouons-le, ça paie !
- Je ne te dirais rien Fennec !!
- Et bien comme ça nous sommes quittes puisque de mon côté je ne vous ferrai pas l’amour… Oh bien sur je pourrais me servir de cet outil. Ceci est un pistolet. Par le passé il a su faire parler beaucoup de monde, hommes comme femmes d’ailleurs. Il se charge et se décharge comme ceci : chargé, déchargé, chargé, déchargé, chargé, déchargé. C’est une arme fiable, ferme, et qui a un coefficient de pénétration de…
Dans une intrigue signée Jean-François Halin, on plonge dans les péripéties hilarantes de l'agent OSS 117, catapulté au cœur du Caire pour résoudre le mystère de la mort de l'agent OSS 283 et, par la même occasion, sauver le Proche-Orient. Au milieu de cet imbroglio, une ribambelle d'espions internationaux s'agitent dans l'ombre, et notre cher OSS 117 devra faire preuve de stratégie et de subtilité – deux qualités qui ne font pas vraiment partie de son répertoire, mais qu'importe, car comme il le dit si bien : « J'aime me battre ! » Et il faut dire que cette passion lui sauvera la mise à maintes reprises. Pour le reste, il devra compter sur un sacré bol de chance et sur le bon sens de son assistante Larmina pour mener à bien sa mission. Mais, OSS 117 a aussi pour lui un patriotisme inégalé et est déterminé à arborer fièrement le drapeau français de la Quatrième République sous la gouvernance de René Coty, « C’est notre RAÏS à nous, René COTI ! Un grand homme, il marquera l’histoire, il aime les cochinchinois, les malgaches, les sénégalais, les marocains… c’est donc ton ami. » C'est alors qu'une cascade de gags et de situations loufoques s'ensuit, oscillant entre des réussites éclatantes et des moments où l'humour peine à faire mouche. Pourtant, cette gestion énergique de la narration, portée par des dialogues ciselés signés Jean-François Halin et Michel Hazanavicius, assure une détonation maximale. Ils nous servent des joutes verbales hilarantes, usant d'un langage franc et sans fioritures qui épouse parfaitement le caractère téméraire et excentrique du protagoniste. Cela n'empêche pas pour autant quelques subtilités et des clins d'œil savamment placés pour faire écho à l'époque et ses discours.
Bien sûr, les moments les plus mémorables sont incontestablement ceux où Jean Dujardin brille de tous ses feux. D'un point de vue action, il nous régale avec des scènes classiques, habilement chorégraphiées, mais c'est dans les situations loufoques qu'il excelle encore davantage. Impossible d'oublier le chapitre du "jour - nuit" dans l'élevage de poulets, ou encore le duel épique au corps à corps avec les volatiles. Et il y a bien d'autres situations cocasses à se tordre de rire. Ma scène favorite, qui me fait pleurer de rire à chaque fois, est sans aucun doute celle où OSS 117 se retrouve à jouer et chanter "Bambino, bambino !" de Lili Boniche dans un bar. Son expression faciale à ce moment-là et son interprétation sont d'un comique irrésistible, et surtout, superbement exécutés.
"Ḥabit twazwaz yâ l-bulbul
Bambino, bambino
U fî bâl-î râ-k tnum
Bambino, bambino
Gâlu l-î wulît maḥbûl
Bambino, bambino
Mâ zâl tabaz yâ baḥlul"
Je dois avouer que je ne me lasse jamais de cette scène. Toutefois, je reste toujours un peu perplexe face à la conclusion. Elle n'est pas nécessairement mauvaise, mais elle laisse une impression de facilité, ce qui est un peu dommage. Heureusement, cela ne ternit pas l'ensemble, qui reste un délice de comédie et d'ingéniosité. Mais, on pourrait dire qu'il manque cette touche finale, cette cerise sur le gâteau, pour parfaire le tout. Mais nous pouvons également compter sur la direction de Michel Hazanavicius et sur l'enthousiasme général du casting, qui semble prendre un plaisir fou, en particulier Jean Dujardin, qui brille de mille feux.
CONCLUSION :
"OSS 117: Le Caire, nid d'espions" de Michel Hazanavicius, incarne une exploration pleine d'audace de l'univers d'espionnage français avec une approche parodique offrant un hommage méticuleux aux films d'espionnage de l'époque, tout en adoptant une satire audacieuse et un humour débridé. Porté par une performance éblouissante, que dis-je, "magistrale !" de Jean Dujardin qui offre une cascade de gags et de situations loufoques qui ne manquent pas de me ravir. Malgré une conclusion qui peut laisser dubitatif, l'ensemble reste un pur divertissement, soutenu par une direction énergique et un casting enthousiaste.
Un incontournable de la comédie française, offrant une vision décalée et hilarante du genre d'espionnage.
- Un philosophe a dit un jour « le mystère des Pyramides, c’est le mystère de la conscience dans laquelle on n’entre pas ».
- Les pharaons se faisaient enterrer avec leurs serviteurs.
- Lorsque l’on meurt, souvent on voudrait que tout s’arrête avec soi.
- Mais, c’est le cycle même de la vie : lorsque quelqu’un ou quelque chose meurt, quelqu’un ou quelque chose naît ailleurs.
- Nous tentons d’oublier que nous sommes des animaux, mais la nature nous le rappelle. Parfois cruellement.
- Des scientifiques font des expériences sur les mouches drosophiles parce que la structure de leur cerveau est extrêmement proche de la nôtre.
- Le cheval nous voit plus grand que nous sommes avec son œil déformant. Ce n’est que grâce à cela que nous l’avons domestiqué.
- C’est notre œil, notre regard, qui nous dicte notre façon d’agir par rapport aux autres. Mais on peut être myope.
- L’aveugle ne voit pas, il ressent. Et, paradoxalement, il voit.
- Si le chat a la queue verticale, c’est qu’il est en confiance.
- Le cul-de-jatte a une jambe qui le démange encore.
- Quand une femme change d’homme, elle change de coiffure.
- Il faut laisser pleurer un nourrisson quand il va au lit, sinon on sacralise trop son coucher.
- Hum… On va boire un verre ou prendre un pot au bar… Hum ? Un p’tit godet là… On retourne au bar ? Tu veux un verre ?