Inspiré du conte tchèque éponyme Otesanek de Jan Svankmajer perpétue l'imagination débridée des premiers films du cinéaste, qu'il s'agisse de ses courts travaux ou des plus longs comme le flamboyant Alice.
Conte pour enfants pas sages Otesanek arbore l'étrangeté d'une peinture de Max Ernst et la subversion d'un film surréaliste, constamment de l'autre côté du fil séparant le conformisme de l'inconfort, la banalité de l'idéalité. Vivier interprétatif proprement sidérant le récit se forme d'images toutes plus fascinantes les unes que les autres, singulièrement ancré dans le contexte prosaïque d'un couple élevant bon an mal an une sorte de gros bâton-ogre, bien décidé à accumuler les victuailles au coeur de son tronc caverneux.
On pense évidemment au chef-d'oeuvre Eraserhead de David Lynch au regard de Otesanek, déjà pour sa fable cousine mais également parce que le réalisateur américain partage avec Svankmajer le goût pour les nouvelles formes et le recours à l'inconscient, à l'onirisme voire au surnaturel. Visuellement et techniquement très abouti cette adaptation du mythe initial représente toute la charge imaginative du cinéma de Jan Svankmajer. Peu ou prou d'autres choses à ajouter au sujet de cette expérimentation narrative particulièrement dense et réussie. J'aime beaucoup, ni plus ni moins.